Le Qatar ne peut pas être un pays ordinaire du Golfe, il doit retrouver son libre arbitre faute de quoi il disparaitra.
Le renoncement à une expression politique qatarienne est suicidaire
Quelques personnalités qatariennes ont montré dans un passé récent, leur volonté de ne pas habiter dans un pays ordinaire du Golfe. Chacun se souvient des excès de langage de HBJ. Hamad bin Jassim bin Jaber al-Thani dit HBJ qui fut jusqu’en 2013, le premier ministre du Qatar, il a été un des animateurs des « Printemps arabes ». HBJ, n’a certes plus de responsabilités politiques mais il ne manque pas d’ambitions et quand il regarde son pays « soumis politiquement » aux saoudiens et émiratis, il est sans doute pour le moins déconcerté. Comment un ministre des affaires étrangères comme Khaled Al-Attiya qui indiquait il y a quelques temps « qu’un qatari vaut une nation » arrive-t-il à « gober » tout cela ? Et enfin, l’ancien émir Hamad, véritable fondateur du Qatar moderne qui avait compris que la seule chance de survie du Qatar était l’originalité. Celle-ci passant par une accélération de l’histoire pour s’extraire aux ténèbres qui envahissent le Golfe et les alentours.
Mais fin novembre 2014, l’Arabie saoudite exigea dans un accord, une unité des pays du Golfe, en préparation à la guerre du Yémen, mais surtout pour « couper court » à tout rapprochement avec l’Iran qui inexorablement allait revenir dans le jeu de la mondialisation. Par cet accord, les qatariens ont renoncé à une expression politique décidée uniquement à Doha.
La communauté internationale s’interroge sur l’avenir du Qatar
L’Emir Hamad avait compris que sans originalité son pays disparaitrait. Guy de Maupassant disait de l’originalité « Le talent provient de l’originalité, qui est une manière spéciale de penser, de voir, de comprendre et de juger »
Il est intéressant de remarquer que la nouvelle stratégie politique du Qatar perturbe. Un passage d’un récent article du journaliste Akram Belkaid dans le media Orient XXI est à lire « Pour qui connaît la situation des travailleurs étrangers au Qatar mais aussi dans les autres pays du Golfe — lesquels demeurent curieusement épargnés par les critiques de la communauté internationale sur ces sujets —, les progrès sont incontestables, d’autant que l’émirat, contrairement à ses voisins, a ouvert ses portes aux organisations humanitaires et syndicales internationales. »
Certes des progrès ne peuvent être niés, mais ils ne sont pas à la hauteur de la situation. L’urgence des urgences a été mis de coté, chacun se souvient que début 2015, alors que l’ensemble des pays du Golfe avaient annoncé publiquement qu’un contrat commun était possible pour les employés de maison, ils y ont renoncé. Le Qatar au lieu de mettre en place un minimum de droits pour ces 84 000 personnes sur son sol, se coule dans le moule des pays du Golfe. Non seulement le Qatar exclus du droit au travail qatarien ces employés de maisons, mais alors qu’il avait là l’occasion de faire progresser les droits de l’homme et du travail, il s’en retourne comme les autres vers les ténèbres. L’autre urgence, la Kafala, aura-t-elle disparue en 2030 ?
La déception journalière de ce renoncement au progrès humain, dans ce pays dont la base est composée d’expatriés, ne peut pas être considérée et rassemblée sous le vocable « Qatar bashing ». On ne peut pas tirer bénéfice de la mondialisation et faire parler des anciens diplomates pour expliquer qu’il faut donner du temps au temps. Quand on rentre dans le jeu économique planétaire on en applique les règles.
Récemment la ministre des télécoms qatariens disait vouloir s’insérer dans le « E-Commerce » » et faire mieux que les autres pays déjà en avance sur ce sujet. Ce qui est attendu des autorités qatariennes c’est qu’elles mettent au moins autant d’ardeur dans l’évolution du droit du travail.
Un compromis bien fragile entre états du Golfe
Le compromis actuel avec les autres états du Golfe est sans doute le fruit d’évènements du passé.
Le Qatar n’avait pas une armée à la hauteur de son pays et a mis son destin entre les mains des américains. L’émir Tamim en faisant alliance avec la Turquie, en se dotant de moyens militaires dignes de ce nom et en instaurant un service militaire obligatoire est en voie de combler cette lacune.
Le Qatar par le passé isolé sur la scène internationale élargit bien au-delà du Golfe ses amitiés. Si la manœuvre de rapprochement avec l’Iran va s’avérer complexe et sous surveillance saoudienne et émirati, elle sera nécessaire notamment à cause de l’exploitation du même gisement de gaz et d’un marché iranien qui est à quelques encablures du Qatar, les financements qatariens pourraient aider l’Iran au plus grand profit du Qatar.
Enfin qui peut imaginer que pendant les 30 prochaines années, l’émir Tamim al Thani, avant chaque décision importante, soit contraint d’en référer à Riyad. Au moment opportun, le jeune émir déliera les liens pour que son pays reprenne le bon rythme de l’évolution vers le progrés.