Hollande et Valls ont mis le temps et ont surpris plus d’un spécialiste du monde du travail en nommant Myriam El Khomri. Elle aura besoin de toutes ses compétences et de l’appareil du ministère du travail pour survivre dans cette fosse aux lions où elle a été envoyée.
Courage fuyons
Le passage de Rebsamen au poste de ministre du travail pourrait se résumer en ces quelques mots, »courage fuyons », bien sur c’est un peu caricatural, mais compte tenu des marges qu’il avait, il a compris en « vieux renard » de la politique que ce poste peut vous griller pour longtemps, si vous y restez actuellement.
Alors pourquoi on a nommé, en haut lieu, quelqu’un qui n’est pas un vieux briscard politique ni quelqu’un du sérail ?
Pour Myriam El Khomri, le poste qu’elle vient d’accepter est un formidable challenge politique, car si elle survie jusqu’ à la fin du mandat de Hollande, sans faire trop d’impaires, elle fera un énorme bond en avant politique. Elle a comme tâche essentielle de réformer le code du travail, plus personne ne lui en voudra si elle ne renverse pas la courbe du chômage car personne n’y croit.
Toute personne sensée vous dira que reformer le code du travail est une mission impossible, en si peu de temps et que si vous l’acceptez-vous allez assurément vous détruire politiquement. Combien de fois en ces derniers 40 ans nous avons entendu que le code du travail devait être modifié. Pour l’avoir vulgarisé pendant plus de 25 ans, une chose simple est à retenir, lorsqu’on veut modifier des pages de notre histoire il faut faire attention à ne pas en changer le sens global.
Techniquement Mme le Ministre du travail, Myriam El Khomri, avec ses études de droit à une bonne base pour comprendre ce que ses conseillers lui diront, mais on l’a bien envoyé dans la fosse aux lions. Des lions syndicalistes, représentants des travailleurs qui tournent en rond depuis des années incapables de colmater la « digue des droits des salariés », rendus muets par le pouvoir socialiste dirigeant le pays. Des lions patronaux insatiables, voulant revenir avant 1968, où le patron régnait en maître et les conditions de travail étaient pitoyables. Des patrons qui pensent avoir pacifié la classe ouvrière avec l’épée de Damoclès de l’emploi. Mais chacun se rappelle l’histoire, quelques jours avant mai 68, les patrons disaient « jusqu’ici tout va bien ». Qui va créer cet étincelle qui embrasera le pays rendant leur fierté aux salariés, allez savoir, peut être un Mélenchon sans faire exprès ou une modification d’un article du code du travail auquel les salariés sont attachés ?
Alors, cadeau empoisonné pour Myriam El Khomri, certainement ! Pourtant, si elle a les épaules assez solide et qu’elle est aidée par la bêtise patronale et un peu de courage syndical ouvrier revenu, le miracle peut se produire. De toute manière il y aura une prise en compte d’une réalité du monde du travail, le fait précède toujours le droit », mais cela n’ira pas plus loin et le code du travail continuera avec les conventions collectives à être cet équilibre qui nous permet de vivre ensemble. Ce collectif que nous avons tous crée peut basculer à tout instant si le politique satisfait uniquement quelques intérêts particuliers, à ce moment là, personne ne devra s’étonner que vivre ensemble devienne impossible.