Nous l’avions annoncé au mois de juin, le secteur des hydrocarbures au Qatar restructure. Plusieurs milliers d’expatriés souvent avec des salaires intéressants et une culture de la sécurité au travail vont quitter le Qatar d’ici la fin de l’année. Pendant ce temps, d’autres travailleurs ou artisans vont arriver pour faire avancer les travaux de la mise à niveau des infrastructures et la préparation de la Coupe du Monde de football 2022.
Les conditions de travail globalement risquent de se dégrader au Qatar
Alors que le Qatar a renforcé son inspection du travail et qu’une pression est maintenue sur les entreprises pour éviter les accidents du travail, il est possible que compte tenu des mouvements de personnels entrants et sortants, la situation globale des conditions de travail se dégrade encore.
Ici où là, des actions qatariennes montrent que le Qatar essaie de limiter les désastreuses conditions de travail dans le pays. Le renforcement de l’Inspection du Travail et les consignes qui ont été données portent parfois leurs fruits. C’est ainsi qu’une entreprise du BTP qatarie, CDC, a licencié la totalité de ses 108 ouvriers nord-coréens pour violation des règles du travail et les a expulsés, selon le rapport publié par la Voix de l’Amérique (VOA). Mais cela ressemble « à des coups » réussis plus qu’à une politique systématique, de toute manière le nombre d’Inspecteurs du Travail est insuffisant et ne croît pas assez vite. La plus importante communauté de travailleurs au Qatar, plus de 600 000, vient de l’Inde,. L’ambassade indienne vient de faire un point sur les 8 premiers mois de l’année et comptabilisait 192 morts et rappelait que pour toute l’année 2014 elle avait comptabilisé 279 morts.
Cette situation risque de se dégrader car la restructuration en cours dans le secteur des hydrocarbures devrait voir le départ de plusieurs milliers de travailleurs avec des salaires importants et une culture de la sécurité au travail bien au-dessus de la moyenne. Il est de tradition dans ce secteur de ne pas sacrifier la sécurité des salariés.
L’arrivée prochaines de travailleurs, même si elle est mieux préparée, comme les pakistanais qui subissent une formation à la sécurité au travail ne pourra combler les manquements sur le terrain. D’où la nécessité d’accélérer le recrutement et la formation de nouveaux Inspecteurs du Travail.
En outre comme l’évolution du droit du travail prend du retard, la nécessaire concurrence qui permet de quitter un « mauvais patron », équilibre naturel du marché du travail, n’est pas pour tout de suite.
Enfin parmi les nouveaux arrivants, il y aura un nombre important de professions artisanales, plombiers, électriciens, soudeurs et autres qui ont l’habitude de travailler à la tâche et qui souvent font un nombre d’heures incalculables, source de nombreux accidents.
Plus que jamais le gouvernement qatarien doit veiller à une bonne gestion des ressources humaines dans son pays car si elles venaient à se dégrader la communauté internationale serait contrainte d’intervenir pour faire jouer la Coupe 2022 dans un autre pays.