Après le renforcement des liens militaires avec la Turquie, le Qatar veut accroître ses liens militaires avec le Pakistan. Or chacun se souvient que le Pakistan n’a pas souhaité participer au conflit au Yémen contre les Houthis conduit sous l’égide de l’Arabie saoudite. Et si le Qatar cherchait les voies et moyens pour échapper à l’emprise des saoudiens, que lui manque –t-il un rapprochement avec l’Iran ?
Turquie, Pakistan et demain peut-être l’Iran ?
Dans un passé récent le Qatar volait de ses propres ailes et puis parce que la présence de l’Organisation de l’état islamique continuait à grandir, que l’Arabie saoudite s’apprêtait à frapper les milices Houthis du Yémen et sans oublier la prochaine arrivée de l’Iran sur la scène internationale, le Qatar sous pression des saoudiens rentra dans la ligne du CCG c’est-à-dire la ligne de l’Arabie saoudite.
Bien sûr depuis le Bahreïn n’a pas été cool de s’opposer à ce que le Qatar bénéficie aussi d’une course pour le championnat du monde de la F1. Bien sûr l’Egypte fait tout ce qui il faut pour envenimer les relations avec les qatariens et pourtant les saoudiens poussent l’Egypte au rapprochement. Bien sûr une certaine mésestime est toujours palpable du côté émirati…
Mais le grand frère saoudien est nettement moins agressif qu’en 2014 et les bataillons de touristes venant de l’Arabie saoudite sont garnis et dépensent encore sans compter. Finalement, coller au positionnement du CCG ne pose pas de problèmes existentiels au Qatar et pourtant une petite voix venue du désert, portée par le Shamal, vent du nord, susurre à nos oreilles « Et si le Qatar cherchait les voies et moyens pour échapper à l’emprise des saoudiens ? »
Il est vrai que l’alliance militaire avec la Turquie était dans les cartons qatariens depuis longtemps, mais aujourd’hui c’est du concret. Il est vrai que les relations avec le Pakistan n’ont jamais été aussi bonnes. On a du mal à comprendre comment elles pourraient s’améliorer à moins que comme la Turquie, le Qatar envisage de faire stationner des troupes pakistanaises sur son sol dans les mois à venir ou lui assurer une protection navale ? Pourtant le Qatar sait que le renforcement de ces relations « va taquiner » l’Arabie saoudite », on se souvient que le Pakistan n’a pas souhaité participer au conflit au Yémen contre les Houthis conduit sous l’égide de l’Arabie saoudite.
La question est de savoir pourquoi le Qatar s’arrêterait uniquement à la Turquie et le Pakistan. Le géant dans cette région, l’Iran, qui sommeillait par la volonté des saoudiens et des américains va se réveiller. Les qatariens « opportunistes » mondialement connus, ne seront pas insensibles très longtemps aux occasions économiques et politiques qui vont se faire jour. Le réveil de l’Iran au niveau international sonnera l’échec de la politique saoudienne et le Qatar, on l’a vu à l’œuvre récemment est capable de se glisser hors des mailles du filet saoudien et même devenir « agitateur d’idées ». Il lui restera à négocier à terme un accord militaire avec l’Iran pour faire à nouveau entendre pleinement « sa voix et sa différence ».