La démocratie à l’occidentale ou grecque, plus récente que la démocratie tribale, est-elle dépassée à son tour ? Lorsque les inégalités entre citoyens s’accroissent, la corruption grandit et que les grandes fortunes quittent le pays n’est-ce pas l’échec d’un modèle de démocratie ? Le Qatar, très jeune pays passera- t-il directement à la nouvelle démocratie capitaliste ?
La crise grecque est riche d’enseignements pour le monde entier
Le mélodrame qui s’est déroulé en Europe cet été montre à quel point la démocratie citée en modèle a atteint ses limites. Le peuple grec vote mais on ne respecte pas son expression, c’est monnaie courante en Europe. Les allemands maitres de l’Europe depuis la démission des puissances comme la France, l’Angleterre ou l’Italie, applique son modèle économique à la Grèce, peu importe si la « souffrance du peuple grec » peut l’amener à terme à des choix irraisonnables si Aléxis Tsípras échoue. Pourquoi l’Allemagne s’arrêterait-elle seulement à la Grèce ? Qui sera le prochain pays qui perdra sa capacité à imaginer son futur ? Les quelques grandes familles allemandes qui dirigent ce pays poussent le capitalisme aussi loin que leurs intérêts l’exigent et, quand en face d’eux les états n’ont plus les moyens de résister, ils en prennent le contrôle indirectement en y envoyant « leurs sbires européens ».
Si la Grèce s’est trouvée dans cette situation de dépendance aux allemands dirigeants l’Europe, c’est parce que les grandes familles grecques, les grandes fortunes, après s’être enrichies sur le dos de leur population et des subventions européennes ont mis leurs fortunes à l’abri dans des paradis fiscaux. Voilà donc la limite de « l’amour du pays » pour la plus part des grandes familles grecques. Il fallait « un fou comme Aléxis Tsípras » pour redonner un peu d’espoir aux grecs, même si le roseau grec doit plier l’échine quelques temps. La crise grecque est riche d’enseignements pour le monde entier, un pays peut être dominé par un autre financièrement avec une « belle » parodie démocratique sans tirer un seul coup de fusil. Nous ne sommes plus en démocratie tribale, ni en démocratie grecque, mais voici arriver la démocratie capitaliste. Nous en reparlerons prochainement.
Qatar, la démocratie tribale sera- t-elle plus forte que la démocratie capitaliste ?
Depuis plus de 60 ans les qatariens ne vivent plus sous leurs tentes et ils ne se déplacent plus en chameaux sauf pour leur plaisir. Bien sûr c’est de l’humour, sauf que pour certains « ignorants » qui se multiplient sur les réseaux sociaux, il fallait le rappeler. Assener du matin au soir que le Qatar est une dictature montre à quel point cette « ignorance » et doublée d’une fainéantise intellectuelle. La démocratie tribale qui règne au Qatar est bien plus vielle que la démocratie à l’occidentale ou grecque.
Si le pouvoir est aux mains de l’émir qui au quotidien peut faire beaucoup, pour les grandes décisions qui engagent le pays il est contraint de rechercher le consensus auprès des tribus qui dirigent avec lui le pays. La plus puissante, les Al Thani dont l’émir actuel fait partie, dirige ce pays depuis le 12 Septembre 1868. A cette époque Sheikh Mohammed al Thani signait un traité avec le colonel Lewis Pelly, un dirigeant britannique dans le golfe Persique, qui reconnut l’autonomie du Qatar. En 1876 il passa le pouvoir à son fils Jassim ben Mohammed Al Thani et depuis la tribu Al Thani conduit le pays. En 1971 le Qatar devint totalement indépendant.
La démocratie tribale a aussi ses limites et ses aveuglements. L’image du Qatar aujourd’hui est désastreuse car il veut s’insérer dans la mondialisation. Attirant les feux des projecteurs sur lui, ce pays s’expose aux critiques concernant son manque de respect des droits de l’homme, du mauvais traitement des travailleurs expatriés qui forment 91 % de la population notamment par le système de la Kafala et du manque de liberté pour quitter le pays, d’un système judicaire obsolète et pas équitable… D’aucuns demandent au Qatar de s’ouvrir en outre à la démocratie à l’occidentale ou grecque.
Lorsqu’on interroge les qatariens sur leur pays, l’expression qui revient le plus souvent c’est l’amour du Qatar. Probablement, la démocratie tribale exercée au Qatar encourage cet amour pour le pays, l’attachement au « sol ». Mais la génération actuelle des « 30 – 50 ans » qui dirige le Qatar s’est formée à l’étranger dans les grandes universités, voyage énormément, possède souvent un ou plusieurs logements dans d’autres pays et se marie de plus en plus avec des étrangères. Si on ajoute cette pression pour une ouverture à la démocratie à l’occidentale, le Qatar résistera- t-il longtemps ? Pire, le Qatar, très jeune pays passera- t-il directement à la nouvelle démocratie capitaliste comme les allemands ?
L’économie du Qatar repose encore trop sur les hydrocarbures même si le secteur privé se développe exceptionnellement vite. Il a deux facteurs qui compliquent en outre son avenir, le premier, une population de qatariens qui va décroitre dans quelques années sauf si le Qatar ouvre sa nationalité et le second, une religion sur une base traditionnaliste, le wahhabisme, qui entrera en confrontation avec tout système autre que tribal dans la gestion du pays.
Le point fort du Qatar est une répartition des revenus « assez généreuse » à la population de souche qatarienne et des salaires élevés pour quelques expatriés « fidèles serviteurs des grands intérêts qatariens ».
S’il est probable que la démocratie tribale organisera à terme des élections législatives et une amélioration globale des droits et de la justice au Qatar, son intérêt n’est pas d’aller vers une démocratie capitaliste où les inégalités se creusent et l’équilibre général du pays peut basculer à chaque instant. Le Qatar a connu cela par le passé.
Nous verrons bien dans les prochaines années quel type de démocratie gagnera ? En attendant je vous invite, mes chers lecteurs à méditer sur un passage de la bible Mattieu 23 : 14-15-16 :
Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites! Parce que vous dévorez les maisons des veuves, et que vous faites pour l’apparence de longues prières; à cause de cela, vous serez jugés plus sévèrement.
Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites! Parce que vous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte; et, quand il l’est devenu, vous en faites un fils de la géhenne deux fois plus que vous.
Malheur à vous, conducteurs aveugles! Qui dites: Si quelqu’un jure par le temple, ce n’est rien; mais, si quelqu’un jure par l’or du temple, il est engagé.