Alors que la crainte face à la baisse du prix des hydrocarbures s’accentue, différents éléments ou projets économiques montrent que le Qatar va dans le bon sens. Outre une gestion rigoureuse du budget national et des restructurations tant dans le public que dans les organismes d’état, le Qatar doit s’interroger sur une évolution sérieuse de la fiscalité. Vouloir être parmi les grandes puissances de ce monde implique des responsabilités.
Au Qatar on suit de très pré le prix des hydrocarbures
Les inquiétudes sur la demande de pétrole au niveau mondial ont conduit les prix du baril de pétrole qui s’étaient stabilisés autour de 60 $ à rechuter en dessous des 50 $. La croissance chinoise qui devrait retomber autour 5 ou 6 % ainsi que les dévaluations du yuan créent une incertitude et pèsent sur les bourses mondiales. La relance de l’énergie nucléaire au Japon, malgré la protestation d’une partie de la population, laisse présager, à moyen terme, une baisse de la demande du gaz et du charbon. Enfin, si l’Iran revient dans le circuit économique mondial il exportera du pétrole et du gaz augmentant l’offre globale sur le marché qui est déjà abondante. L’ensemble de ces facteurs pourrait conduire le prix du baril de pétrole à rester bas et avoir une influence sur le prix du gaz. Cette crainte peut peser sur le budget de l’état du Qatar 2015 mais surtout 2016 et 2017. Pour faire face à cette tension sur les ressources, le Qatar, tout en maintenant une croissance forte entre 5 et 7 %, doit contenir ses dépenses comme nous l’indiquions dans notre dernier post sur ce sujet, mais doit aussi envisagé d’augmenter la fiscalité globale car il existe là des marges.
Le secteur privé se fortifie
La mise à niveau des infrastructures va permettre non seulement d’accueillir la Coupe du monde de football 2022 dans de bonnes conditions mais aussi faciliter les mouvements économiques entre les différentes zones industrielles et commerciales dans et autour de Doha.
Des secteurs comme le tourisme et le sport prennent toute leur place aux côtés des secteurs traditionnels et sont reconnus au niveau international. L’accréditation par l’Agence Mondiale Antidopage d’un laboratoire d’analyses antidopage à Doha est un événement majeur pour le secteur sportif du Qatar. La montée en charge qualitative en matière sportive du Qatar est à noter et devrait se poursuivre.
Une nouvelle piste économique, la logistique, se met en place fortement avec le nouveau port situé entre Al Wakrah et Messaied et les trois ZES (zones économiques spécialisées). Le Qatar veut devenir un haut lieu de stockage et de redistribution, une base logistique pour les pays du Golfe et bien au-delà.
Force est de constater qu’en matière économique le Qatar fait des efforts importants et donne une image d’un état qui sait se remettre en question, visant le long terme. Il est vraiment dommageable qu’en matière sociale, des droits de l’homme et politique cette remise en question tarde à venir, fragilisant ce pays. Une justice plus moderne et équitable, la reconnaissance et l’évolution du droit du travail et des élections législatives, augmenteraient d‘une manière considérable la vision progressiste et internationale du Qatar.
Les dirigeants de ce pays indiquent souvent que les européens, par exemple, ont mis des centaines d’années avant d’en être là où ils sont aujourd’hui, certes, mais le Qatar, n’a pas devant lui des centaines d’années, car il a choisi d’être parmi les puissances qui comptent dans le monde. Ceci l’oblige à assumer des responsabilités et à « coller » à la justice, au droit du travail et au droit politique de ces grandes puissances, pour ne pas être comme le qualifient certains, un pays bâti sur du sable qui s’effondrera tôt ou tard.