Qatarization ou fantasme à la qatarienne

Le Qatar demain

A qualification égale, les qatariens doivent être favorisés pour certains postes qualifiés du privé par rapport aux expatriés, cela s’appelle la Qatarization. Mais quelques milliers d’individus peuvent –ils faire tourner l’économie du Qatar ? Pire, au Qatar on parle souvent des prochaines générations mais la question se pose, combien de qataris demain ?

 

Du fantasme il faut revenir à la réalité

A ce jour les dirigeants du Qatar ne publient toujours pas la population d’origine qatarienne. En considérant par des calculs savants, donc inexacts,  qu’elle se situe aux alentours de 250 000 tous âges confondus, est – il raisonnable de faire croire aux qatariens qu’ils vont pouvoir faire tourner l’économie du pays grâce à quelques milliers de jeunes qui arrivent sur le marché du travail. ?

Dans le budget 2016 qui est en cours de finalisation, une directive invite à donner plus de place aux habitants d’origine qatarienne dans le secteur privé. Or, la population active, d’origine, se situe au maximum à 130 000 travailleurs dont près de 70 % sont ou aspirent à être dans la fonction publique ou institutions d’état. Donc, ce n’est pas avec 40 000 qatariens que l’ économie  en pleine accélération va tourner. Il y aura à terme des goulots d’étranglements.

On peut comprendre la communication politique des dirigeants qui mettent en avant la Qatarization où à qualification égale, les qatariens doivent être favorisés dans certains postes qualifiés du privé par rapport aux expatriés. Mais, il serait dangereux, voire irresponsable, pour le pays de croire que ce fantasme va devenir réalité.

L’économie du Qatar est pour l’essentiel dans les mains des expatriés dans sa partie active, comme les grands travaux d’infrastructures, logement, travaux publics, artisanat, commerce et autres. Même la police et une grande partie de l’armée sont l’œuvre des expatriés. Nos observations sur ce pays portent à croire que sa population autochtone ne devrait plus croître dans les années à venir au rythme d’un récent passé et se marginaliser face aux expatriés. C’est avant tout la problématique de santé, le manque de volonté de se marier pour les jeunes filles et l’éclatement de la famille qui vont freiner une croissance de la population d’origine qatarienne. L’erreur funeste pour le Qatar est de manquer de courage pour corriger les difficultés actuelles, aborder sérieusement les naturalisations nécessaires et la mise en place d’un statut de résident au long terme.

L’émir Tamim, qui pour l’instant n’est pas un grand réformateur, mais qui fait un travail considérable de reprise en main du pays, affrontera-t-il l’avenir de l’évolution de sa population qui à nos yeux est aussi importante que la manne des hydrocarbures ou les investissements qui viennent nourrir les réserves pour le futur. Au Qatar on parle souvent des prochaines générations mais la question cruciale se pose, combien de qataris demain ?