A quelques jours du deuxième anniversaire de l’arrivée au pouvoir de l’émir Tamim al-Thani, le 25 juin, faisons le point sur quelques dossiers importants concernant le Qatar depuis le départ de l’émir Hamad.
Le Qatar au 20 juin 2015
Cette dernière année, le jeune émir Tamim du haut de ces 35 ans qu’il a fêté le 3 juin, a parcouru de nombreux kilomètres pour visiter une bonne partie de notre planète. Donnant la priorité à l’Asie, il a joint à la parole, les investissements qui montrent qu’il attache de l’importance à cette partie du monde. C’est ainsi que sur la dernière année, ce sont plus de 15 milliards de dollars qui ont été investis en Asie dans les secteurs de la santé, les infrastructures et l’immobilier. Abdullah bin Mohamed bin Saud Al-Thani directeur général de Qatar Investment Authority (QIA), a été le maitre d’œuvre de cette diversification des actifs qatariens en favorisant l’Asie, le fonds qatarien pèse à ce jour environ 250 milliards de dollars.
L’avenir risque d’être un peu plus complexe pour de nouveaux investissements, car le Qatar malgré une croissance aux environs de 7%, aura un budget extrêmement tendu en 2015 et probablement déficitaire en 2016. Reconnaissons que des fin novembre 2014, l’émir Tamim al Thani avait demandé avec insistance au gouvernement d’être économe pour les dépenses, car la chute vertigineuse des prix du pétrole diminuait les marges excédentaires qui permettaient de faire face à d’importantes dérives du budget de l’état du Qatar. La crise du prix du pétrole pourrait durer voire s’aggraver, il faut donc que le budget de l’état soit rigoureux, ce qui est loin d’être la marque de fabrique des hauts fonctionnaires du Qatar. Ce qui est grave aujourd’hui, c’est l’allongement des délais de paiements de l’ensemble de l’économie qatarienne qui sclérose la fluidité des capitaux internes et à terme réserve de mauvaises surprises. Un entrepreneur qui veut s’installer au Qatar doit arriver avec une énorme trésorerie pour faire face à ces problèmes de règlements différés.
Depuis quelques années l’endettement des particuliers qatariens qui était mal considéré, s’est développé, au point que les religieux, dans une de leurs prêches du vendredi ont tiré la sonnette d’alarme sur ce sujet.
Les qatariens ne font que suivre le mouvement général du pays qui met à jour les nécessaires infrastructures, bâtit des logements luxueux plus qu’il n’en faudrait en oubliant les classes moyennes et les logements pour les bas niveaux de revenus. Et que dire de cette annonce concernant les 200 milliards pour une Coupe du monde de football 2022 qui devient incertaine et qui aura dégradé pour longtemps l’image du Qatar et des pays du Golfe en général pour ce qui concerne le traitement réservé aux travailleurs dans ces pays. Quel gâchis !
Le Qatar ne récompense même pas ceux qui croient en lui, car des travailleurs installés depuis longtemps et qui souhaitent acquérir la nationalité et s’installer définitivement n’ont quasiment aucune chance d’y accéder. Pourtant on nationalise à tour de bras des sportifs éphémères ce qui nous fait dire : un joueur de billes a plus de chance de devenir qatarien qu’un travailleur asiatique.
On attendait sans doute beaucoup de ce jeune émir du Qatar et rapidement, il ne manque pas de vision, comme son message à la veille de sa rencontre avec Obama au mois de février de cette année. C’est le désespoir et non l’islam qui est la cause première du terrorisme selon l’émir du Qatar Tamim al Thani. Un désespoir qui règne dans la déstabilisation du Moyen Orient mais aussi dans les quartiers pauvres des grandes villes d’Europe, et même aux États-Unis. Un texte d’une rare violence intellectuelle auquel Obama n’a pas répondu directement, préférant dans un premier temps consolider les rapports entre les deux pays et même allant jusqu’à louer l’effort du Qatar pour combattre Daesh. Il y aura un deuxième temps au propos de l’émir Tamim al Thani dans le NYT, sans doute moins consensuel. Est-ce que la bataille de la justice américaine dans l’affaire de la FIFA n’est pas une partie de cette réponse ? Le propos de plus en plus pressant de quelques élus américains qui ne comprennent plus la nécessité d’avoir la plus grande base militaire au monde, hors US, au Qatar ?
D’aucuns mettront au crédit de l’émir Tamim al-Thani le rapprochement avec l’Arabie saoudite et les autres états du Golfe, mais nous sommes persuadés à Qatarinfos.net qu’une fois la « potion de l’oubli » ayant terminé son effet les masques tomberont. Et puis le futur du Moyen Orient pourrait s’écrire non plus en saoudien mais en iranien et le Qatar est capable, comme tout jeune pays, de tous les grands écarts possibles.
Tamim al Thani est un grand voyageur mais un petit réformateur pour l’instant. Il a le temps pour lui, à la condition que dans son pays, ses concitoyens le suivent, si jusqu’ici tout va bien, nul n’est maître du devenir d’un peuple.