Depuis les premiers jours du conflit au Yémen, l’ONU n’est pas à la hauteur de la situation, car il a un parti pris.
Deux mois plus tard, l’Arabie saoudite s’englue au Yémen
Trop d’erreurs ont été commises par l’ONU dans le conflit entre les forces des milices chiites Houthis (Ansarallah) avec son allié les troupes de l’ancien président Saleh, opposées aux forces pro- président Hadi avec ses alliés saoudiens et Cie. Depuis les premiers jours du conflit au Yémen l’ONU n’est pas à la hauteur de la situation car il a un parti pris. Les négociations prévues pour le 28 mai 2015 à Genève sans la présence des milices Houthis seront comme celles de Riyad, un échec.
Le changement d’émissaire de l’ONU dans ce conflit, parce qu’il accordait de l’importance à toutes les parties yéménites est un des éléments qui montrent l’incohérence à la fois de l’ONU mais aussi de ceux qui bloquent la présence des milices Houthis en mettant des conditions inacceptables. Chacun sait que pour résoudre un conflit il faut que l’ensemble des belligérants soient présents, ou alors on évite de parler de négociations.
Malgré le pilonnage sans relâche par les forces aériennes saoudiennes, Ansarallah continue à prendre possession du Yémen avec quelques aléas. La solution ne peut être que politique et le fait qu’elle mette du temps à être trouvée n’est pas de bon augure pour l’Arabie saoudite et le président Hadi.
La gestion du Yémen par le président Saleh pendant des décennies et celle par Hadi depuis plus de deux ans ont été le terreau du développement de systèmes mafieux échappant pour l’essentiel à toute considération confessionnelle. Alors quand l’Arabie saoudite se targue d’avoir détruit l’essentiel de l’armement Houthi cela reste un vœu pieux. Non seulement l’Iran continuera à alimenter ce pays mais le Yémen demeure un des plus grand marché mondiaux de la vente d’armes.
La difficulté majeure de ce pays demeure la répartition des richesses au-delà de quelques tribus. Pour l’avenir il faut une organisation autour de Provinces autonomes chapeautées par un Etat central. Les élections doivent avoir lieu au niveau de régions représentatives de la réalité des forces en présence et non à l’échelon national. Les Provinces envoyant ensuite des représentants au niveau national. Dans ce futur, la communauté Houthi doit pouvoir à la fois avoir une partie des richesses et aussi une partie du pouvoir. Cet équilibre était recherché par Jamal Benomar émissaire de l’ONU démissionnaire suite à la pression saoudienne. Ce que l’Arabie saoudite doit convenir une bonne fois pour toute est le fait que les Houthis soient des yéménites et qu’une solution politique doit être recherchée avec eux.
La nomination par l’ONU, sous influence des US et des saoudiens et avec la complicité de bien d’autres, du diplomate mauritanien Ismaïl Ould Cheikh Ahmed à la place de Jamal Benomar, ne fera que retarder la conclusion d’un accord politique puisque déjà les Houthis y sont opposé.
Si l’Arabie saoudite avec ses alliés souhaite réellement un accord politique dans l’intérêt du Yémen et afin de ne pas s’engluer un peu plus, elle doit y mettre les moyens et avoir une volonté politique de rapprocher les parties. Le temps joue contre les saoudiens car aujourd’hui, y compris dans leur pays, des tentatives de déstabilisations ont cours comme on vient de le voir récemment avec l’attentat dans la province de Qatif, ce vendredi 22 mai 2015, dans la localité de Koudeih, une mosquée particulièrement fréquentée par des chiites, où on dénombre 21 morts et 81 blessés.
La bataille que se livrent l’Arabie saoudite et l’Iran sur le dos du Yémen est une bataille de trop, car ce pays est l’un des plus pauvres du monde et la population ne peut que se radicaliser venant nourrir à terme le terrorisme au Moyen Orient.