Si le Qatar cesse d’être un élément moteur des pays du Golfe, il est condamné à disparaitre.
Le Qatar une pâle copie saoudienne ?
Si les américains ont beaucoup pardonné au Qatar, c’est qu’il devait être l’aiguillon des pays du Golfe. Or, depuis quelques mois ce pays fait du surplace, tant dans sa politique étrangère que dans les réformes internes. Même sur des sujets simples à régler, comme donner un statut aux employés de maison, l’incapacité à reformer, souvent à cause de son environnement saoudien, montre les limites de la nouvelle équipe qui dirige le Qatar.
L’éclairage de Fatiha Dazi Heni, spécialiste des monarchies du Golfe à l’IRSEM, l’Institut de Recherches Stratégiques de l’Ecole Militaire à Paris est intéressant. Elle indique, dans son expression, que le Qatar a été obligé de rentrer dans le rang. Elle parle d’une diplomatie à la Koweitienne pour le Qatar et d’intérêts communs entre l’Arabie saoudite et le Qatar concernant la Syrie…
Le Qatar serait-il devenu si faible, qu’il renonce à avoir une vision propre à lui ? Il n’aura fallu que quelques mois pour que l’Arabie saoudite retourne comme une crêpe le commando des trentenaires qui dirige le Qatar aujourd’hui. Que peuvent-ils espérer de l’Arabie saoudite qui déroule son projet, sinon de devenir un « vassal » après les Emirats Arabes Unis et l’Egypte…
Le Qatar devient un pays ordinaire et se met en danger
Si l’émir Hamad en 1995 avait renversé son père c’était avant pour extirper le Qatar des ténèbres. L’imagination fut son carburant. Son projet s’est brisé lorsqu’il a cessé de développer le sens critique autour de lui.
Depuis le Qatar est entre les mains des marchands. Grace à une campagne « publicitaire » permanente, l’image du Qatar reposant sur ses traditions, issues du monde arabe et de confession wahhabite, disparait pour faire apparaitre un simple produit. Le Qatar en quelques années s’est transformé en un produit à vendre. Comme on vend un pot de « yaourt », aujourd’hui on vend « le Qatar ». Malgré un écrin doré, lorsqu’on passe du rêve à la réalité, le choc est brutal.
Depuis fin 2014, la politique étrangère du Qatar passe par les « fourches caudines » de l’Arabie saoudite. Le dernier évènement notable étant l’engagement du Qatar dans la coalition qui combat au Yémen, alors qu’il n’y a aucun diffèrent entre le Qatar et le Yémen. Le rôle de médiateur qu’espérait le Qatar est en train de fondre comme neige dans le désert. Tel les Emirats Arabes Unis ainsi que les autres pays du CCG, le Qatar se range sous le commandement des saoudiens et de la nouvelle équipe en place depuis la mort du roi Abdallah.
Le Qatar doit reprendre l’initiative, en relançant les élections législatives, en accordant une place beaucoup plus importante à la femme qatarie, en ouvrant la possibilité de devenir plus facilement citoyen qatarien et avant tout en modifiant son droit du travail qui aura une implication sur les droits de l’homme…
Il y a tant à faire au Qatar, il faut retrouver l’esprit qui avait animé l’émir Hamad en 1995, car faire du surplace comme aujourd’hui, conduit à la déprime d’état et à terme à la disparition de l’identité qatarienne.