Les milices chiites, en représailles des attentats de vendredi passé, ont repris leurs combats. Ils prennent possession des points clés de Taez la troisième ville du Yémen. Dans le camp adverse, celui du président Hadi, on s’agite beaucoup mais la résistance est limitée. Les autres pays sunnites vont-ils intervenir ? L’Arabie saoudite peut-elle abandonner le Yémen avec qui elle a une frontière commune ?
Contrôler Taez pour aller à Aden
Après une certaine accalmie, les Houthis, milices chiites reprennent le combat. Les attentats qu’ils ont subis de la part de l’Organisation de l’Etat islamique vendredi passé ont attisé le feu. La mobilisation générale a été décrétée par Abdel Malek Al-Houthi, le chef des milices chiites Houthis. Entre samedi et dimanche, sans rencontrer une véritable résistance, les miliciens Houthis ont pris possession des points névralgiques de Taez. Or, contrôler Taez est le passage obligatoire pour accéder à Aden où s’est réfugié le président Hadi. Celui-ci a le soutien de l’ONU, ce qui n’impressionne pas les Houthis. L’offre de paix pour réunifier le pays, faite par l’Arabie saoudite était dans la forme impossible à réaliser.
Même si le pays est majoritairement sunnite, pour l’instant ce sont les chiites qui prennent possession des grandes villes, les unes après les autres. En outre l’autorité du président Hadi, certes élu démocratiquement, a été écornée avec sa démission à la suite des pressions Houthis qui avaient pris la capitale Sanaa. Après s’être échappé dans des conditions pas très claires, Hadi s’est réfugié à Aden, revient sur sa démission et celle de son gouvernement et tente de mettre sur pied une armée pour protéger le Sud et repartir à la conquête du pays. Mais au-delà d’une certaine agitation, pour l’instant il n’est pas en capacité de freiner l’avancée des Houthis. Hadi compte pour l’essentiel sur les autres pays du Golfe.
Les autres pays sunnites vont-ils intervenir au Yémen ?
Il est intéressant de remarquer que les américains et les britanniques évacuent leur forces militaires au Yémen. Ils s’attendent à une importante confrontation à laquelle ils ne veulent être mêlés. Pour autant les autres pays du Golfe, voisins et de confession sunnites hésitent à intervenir, car les Houthis sont soutenus par l’Iran. Le Yémen ce n’est pas Bahreïn où l’Arabie saoudite avait remis de l’ordre, face à des manifestants chiites qui menaçaient de remettre en question le pouvoir, détenu par les sunnites au Bahreïn. Les miliciens chiites sont capables de répondre à une attaque des voisins, saoudiens en tête. Et rien ne prouve que cette fois-ci, à la différence de Bahreïn, l’Iran resterait les bras croisés.
L’Arabie saoudite qui a une frontière commune avec le Yémen ne peut pas se permettre d’avoir l’Organisation de l’Etat islamique qui la menace en Irak et les milices chiites au Yémen. Il va bien falloir qu’à un moment où à un autre elle rentre en action, car les murs qu’elle a construits pour se défendre ne tiendront pas longtemps dans le cas d’une véritable attaque militaire.