Depuis hier l’émir Tamim est en visite au Japon. Dans le cadre de la Nouvelle Politique Etrangère du Qatar, l’émir n’hésite pas à se rendre lui-même sur place pour favoriser le contact personnel entre dirigeants. Il a bien pris soins de séparer sa visite « spéciale » du Japon, du tour des capitales asiatiques qu’il avait fait en novembre 2014. Le dossier du gaz est sur la table.
L’émir Tamim et la Nouvelle Politique Etrangère du Qatar
Les experts qui imaginaient que le Qatar, à la passation de pouvoir de juin 2013 entre l’émir Hamad et son fils Tamim, allait se terrer dans ses modestes territoires, pour expier « on ne sait quelle faute », se sont mis le doigt dans l’œil. Pendant des mois ces experts n’ont eu cesse de dire, qu’avec le départ de l’ancien premier ministre du Qatar, HBJ, ce pays allait rentrer dans le rang. Lorsqu’on regarde avec attention le comportement du ministre des affaires étrangères du Qatar, Khalid Bin Mohammed Al Attiyah, on apprend qu’il a au moins autant de caractère que HBJ et qu’il a appris à nager « dans le brouillard de la politique étrangère du Qatar ».
Khalid Bin Mohammed Al Attiyah est impressionné du travail de son émir, en matière de politique étrangère. Celui-ci s’investit personnellement dans de nombreux voyages privilégiant le contact direct. Il faut dire que la jeunesse de l’émir, lui permet de supporter cet investissement diplomatique. Pour ceux qui doutaient encore, le Qatar n’a rien « lâché » de sa politique étrangère. Il suffira de regarder la polémique actuelle entre l’Egypte et le Qatar pour s’apercevoir, ce que tout le monde savait déjà, le Qatar est fortement présent en Libye.
La visite de l’émir Tamim au Japon et le dossier du gaz
Au-delà de la déclaration officielle que vous trouverez ci-dessous, l’émir a de nombreux points à « caler » avec le Japon. Chacun se souvient d’une annonce récente indiquant « les pongistes japonais qui devaient participer à l’Open du Qatar (17 au 22 févier) seront absents de ces tournois pourtant importants pour le classement mondial. La sécurité n’est pas suffisante, estime le Japon pour participer aux tournois de tennis de table au Koweït et au Qatar et au Moyen Orient en général. » Heureusement que la Coupe du Monde 2022 de football est bien plus tard, car on pourrait se demander si le Japon qui est généralement qualifié y participerait. Chacun se souvient aussi justement à propos de la Coupe 2022, que la fédération de football japonaise avait suggéré à la FIFA pouvoir remplacer le Qatar en 2022, compte tenu des nombreuses polémiques concernant l’octroi de cette Coupe, mais aussi pour les conditions de travail « insupportables » pour des millions d’asiatiques. Il avait fallu la venue au Japon de Scheikha Moza, mère de l’émir Tamim, pour que la fédération japonaise de football présente ses excuses publiques pour une telle intervention.
Les récents assassinats de Kenji Goto et Haruna Yukawa par Daesh, et l’impossibilité du Qatar « grand négociateur du Moyen Orient » de les « sauver », a compliqué les relations entre les deux pays. Pourtant dans cette affaire le Qatar n’avait pas de marge de manœuvre, car s’il avait réussi à sauver une ou deux de ses vies japonaises, il aurait été accusé par le reste de la planète de « financer le terrorisme ».
Mais sans doute le dossier principal de cette visite est un dossier économique. Le Japon est le premier importateur de gaz qatari, près de 20 % des exportations du Qatar en la matière. Or les prix actuels basés sur un pourcentage du Brent, mais avec une partie garantie, sont élevés, compte tenu d’une surabondance des stocks. Le Japon achète moins cher son gaz sur le marché « libre » pour ses besoins ponctuels. L’économie japonaise dépendante du gaz du Qatar, suite aux difficultés de ses centrales nucléaires, attend un geste significatif sur les prix. L’affaire a été certes préparée mais elle va se traiter en un face à face, entre l’émir Tamim et le Premier ministre Shinzo Abe. Aucun des deux pays ne peut perdre la face et les termes de cette négociation portant sur des milliards de dollars risquent de ne pas être sur la place publique.
La déclaration de l’émir Tamim en arrivant à Tokyo
It gives me pleasure, at the outset of my visit to Japan, to express to His Majesty Emperor Akihito, and His Excellency the Prime Minister Mr. Shinzo Abe and the people of Japan, my sincere greetings and the greetings of the Qatari people, wishing them all the best of well-being and further prosperity and progress of their friendly country.
I want also to avail myself of this occasion to express great satisfaction with the continuous development and increasing growth that the excellent ties of friendship and cooperation between our two countries are witnessing in all fields, especially in the economic field.
I am confident that this visit would contribute to enhancing the strong bilateral relations between our two countries and expanding the scope of cooperation between them for the good and benefit of our two peoples. » (QNA)