Lors des dernières élections présidentielles, Jean Pierre Marongiu avait refusé de prendre parti pour le candidat Sarkozy, il était à l’époque le président de l’Union des Français à l’étranger du Qatar. Quelques semaines plus tard ses ennuis ont commencé.
Un français pourri dans les prisons qataries pour des raisons bassement politiques
Août 2013, quelques jours avant de retourner en prison, en discutant avec Jean Pierre Marongiu, il me dit, « Tu sais je paie avant tout le fait de ne pas avoir voulu prendre parti pour Sarkozy lors des dernières élections présidentielles. Mais bon sang lorsque tu es président d’une Union des Français à l’étranger tu dois rester neutre et ne pas influencer tes compatriotes« .
Marongiu était loin de se douter que son calvaire allait être si long, mais il avait ajouté lors de notre discussion, « J’ai mis ma femme et mes enfants à l’abri en les renvoyant en France, on ne sait jamais avec les qataris et l’ambassade de France »…
Depuis 18 mois nous suivons les déboires de notre compatriote Jean Pierre Marongiu. Nous avons conduit une enquête avec les moyens dont nous disposons, voici ce que nous retenons :
1 – Il y avait une réelle envie de la part du sponsor de Jean Pierre Marongiu, un membre de la tribu al Thani, de récupérer l’intégralité de l’entreprise que Marongiu avait créée et fait prospérer. Le sponsor, lorsqu’il en aura la possibilité, après avoir affaiblit Marongiu, en transférant les clients à d’autres sociétés, il videra sans états d’âme les comptes de la société comme la loi qatarie lui permet, il dispose en effet de 51 % des parts sociales. Il ne le dit pas à Marongiu qui fait des chèques pour payer les fournisseurs. Ces chèques étant impayés car le compte était vide il se retrouve en prison pour chèque sans provisions sans connaître la durée de sa peine et sans pouvoir se défendre.
2 – Le manque d’engagement de Marongiu dans la campagne électorale de Sarkozy, en sachant que l’UFE (Union des Français à l’Etranger) du Qatar est marquée fortement à droite, aujourd’hui encore.
3 – Une ambassade de France au Qatar qui intervient pour remplacer Marongiu à la tête de l’UFE Qatar par un de ses proches, après une phase transitoire. Ce proche de l’ambassade qui se fait passer pour un avocat vient de subir une plainte pour usurpation de titre d’avocat.
4 – Marongiu est un français qui a du mal à se taire. Il était intervenu dans l’émission Capital sur M6 diffusée le dimanche 20 mars 2011, en dénonçant le système du Kafala véritable asservissement de l’être humain et l’impossibilité de quitter le territoire qatari sans l’aval du sponsor.
C’est sans doute ce passage sur M6 qui causera la perte de Marongiu, car par ses propos il remet en cause « l’esclavage moderne » en place au Qatar et touche aux fondamentaux du pays. Les autorités qataries ne l’oublieront pas.
L’abandon des politiques français est total
Marongiu dira fin décembre 2013 dans un message envoyé à Hollande, « la France m’a laissé tomber. » Pire, alors que chacun des politiques français, sénateurs, députés, membre du gouvernement et même le président Hollande, personne ne bougera le petit doigt pour faire sortir de l’enfer qatari ce ressortissant français innocent. Le nombre de ceux qui ont essayé de faire quelque chose ne dépasse pas trois personnes et n’avaient pas réellement de pouvoir.
Depuis quelques mois le dossier est chez Hollande, mais rien ne se passe. Peut-on espérer que « l’esprit du 11 janvier 2015 » incite enfin Hollande à faire son job ? Comment peut-on abandonner un de ses concitoyens de cette manière ? Lorsqu’on dit que nous n’avons plus d’otage dans le monde, c’est un véritable mensonge d’état repris par trop de gens y compris les medias. Marongiu est un otage économique du Qatar, depuis les évènements de Charlie Hebdo et ses conséquences, il est en danger de mort. Puisque ce n’est qu’une sombre affaire politique et que Marongiu est innocent, avant qu’un accident mortel ne se produise dans des prisons qataries où l’insécurité est totale, que chacun prennent ses responsabilités de toute urgence.
Si Marongiu venait à décéder la faute serait impardonnable.