Les inégalités ne cessent de se développer même au Qatar mettant en danger l’unité nationale et la relation avec les expatriés. A tout moment le Qatar peut rentrer dans une zone de turbulences fortes, à cause de la redistribution des revenus.
Le salaire minimum peut être un amortisseur de crise
Le Qatar ne dispose pas de système de négociation collective permettant aux expatriés, qui représentent l’essentiel de la population active, d’exprimer leurs demandes. Il ne dispose pas non plus d’un système politique permettant aux qataris de s’exprimer. Or, même dans un pays riche, depuis une vingtaine d’années, comme le Qatar, les inégalités ne cessent de se développer, mettant en danger l’unité nationale et la relation avec les expatriés.
Un pays comme l’Allemagne vient mettre en place, en 2015, un salaire minimum pour corriger les aléas du marché. Il est étonnant qu’un organisme comme Qatar Foundation, véritable laboratoire économique et social du Qatar, n’ai pas compris l’intérêt pour le pays de désamorcer les turbulences qui peuvent le mettre à mal.
Turbulences entre qatariens, car s’il est clair que la richesse produite par habitant, classe le Qatar dans le trio de tête au niveau mondial selon les années, la répartition entre les différentes catégories sociales qatariennes, si elle était publique, montrerait des inégalités de revenus en accroissement. Une tranche de la petite population qatarienne s’endette lourdement pour garder son rang.
Turbulence entre les qatariens et les expatriés, car si une partie de ceux-ci ont des salaries attractifs, les autres, les plus importants en nombre, ne participent pas à la répartition de la richesse produite. Une partie de cette richesse va nourrir un système d’exploitation externe au Qatar en paiement d’avances et de prêts, à des taux inacceptables, pour se rendre au Qatar. Mais ce qui choque le plus les observateurs mondiaux, c’est le paiement d’un salaire extrêmement bas pour une partie de ces travailleurs, les mettant en situation de ne pas pouvoir à la fois rembourser les dettes, envoyer de l’argent à leurs familles et vivre dignement au Qatar. Refuser de payer un salaire minimum à ces expatriés va contre les valeurs dont se targue le Qatar de respect et de bonté. Ce n’est pas avec quelques coupures de presse, savamment distillées dans tel ou tel pays, que le Qatar changera une réalité d’une grande masse de travailleurs expatriés qui « souffre de vivre au Qatar ». La répression pour faire taire l’expression des demandes ressemble fort à l’action d’un pompier pyromane.
Au moment, où le bouclage des modifications de la loi 14-2004 est en cours, s’abstenir de mettre en place un salaire minimum va contre les valeurs du Qatar et alimente l’incendie qui couve auprès de travailleurs expatriés qui n’ont plus grande chose à perdre.