L’attentat de Bahreïn montre à quel point cette partie du monde est instable, à la veille d’une réunion du CCG (Conseil de Coopération du Golfe) à Doha. Alors qu’ils ont tout en commun, l’histoire, l’économie sur la base des hydrocarbures, la culture, ils trouvent le moyen de se diviser.
La réunion du CCG à Doha est à l’image de l’état réel de la situation dans le Golfe
Les éléments qui devraient rassembler l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats Arabes Unis, le Koweït, Oman et le Qatar sont si nombreux qu’il est difficile de comprendre les divisions qui traversent régulièrement le Conseil de Coopération du Golfe (CCG). Créé en 1981, le CCG réunit les six monarchies du golfe arabo-persique. Ils ont tout en commun l’histoire, l’économie sur la base des hydrocarbures, la culture et pourtant le nouvel attentat de Bahreïn à la veille de cette réunion montre la fragilité de ces pays. Le Qatar est souvent désigné du doigt lorsque ces attentats se produisent parce qu’il pourrait être un lieu de passage « des terroristes ».
L’ordre du jour de cette rencontre est chargé, il portera sans doute sur la sécurité notamment par la présence de l’Etat Islamique aux frontières du CCG, la situation de la chute des prix du baril de pétrole dont une part revient à l’Arabie saoudite qui ne cesse d’alimenter le marché. Mais aussi à ces autres points qui visent le Qatar :
- Le soutien des frères musulmans avec leur implication en Egypte.
- Le mandat international émis par l’Egypte contre Qaradawi
- L’affaire des naturalisations de certains bahreïnis en qataris
- Les liens avec le Hamas
- Son engagement en Syrie
- Son engagement en Lybie…
Le récent accord sur les droits basiques des employés de maison dans l’ensemble du CCG montre que même sur des sujets complexes quand les responsables de ces pays le souhaitent ils peuvent dépasser leurs divergences.
Des divergences de fond existent entre le Qatar l’Arabie saoudite et les Emirats Arabes Unis
Entre le Qatar et les Emirats Arabes Unis ce sont plus des problèmes d’egos que politiques. D’ailleurs les Emirats ne pardonnent guère au Qatar d’avoir refusé en 1971 la main tendue pour une réunification. Depuis une dizaine d’années la crise s’est amplifiée car le Qatar a depuis cette époque des moyens financiers importants qu’il a consacrés à la constitution d’un fonds d’investissement qui par son agressivité se trouve souvent en concurrence avec les autres fonds des pays du Golfe. Et puis, il faut constater que le Qatar a tendance à faire du copier-coller avec certaines activités des Emirats notamment en matières culturelles, sportives, … avec une certaine réussite comme dans le cas d’organisations de compétitions de niveau mondial, suscitant une réelle jalousie émirati.
Entre le Qatar et l’Arabie saoudite c’est sur la vision du futur que ça coince. L’Arabie saoudite, pour l’instant prône un immobilisme qu’elle défend bec et ongles lui permettant d’être un leadership non seulement dans le Golfe mais dans tout le Moyen Orient. Les dirigeants saoudiens savent que tout peut basculer à chaque instant, autant en interne qu’en externe d’où une réaction excessive quelques fois sur certains évènements comme ceux destinés à abattre la Confrérie des frères musulmans. Obsédés par la vision « politique » des frères musulmans, les saoudiens ont tout fait pour faire « capoter » les expériences des printemps arabes aidés en cela involontairement par le Qatar qui n’a pas « chez lui » mis en œuvre ce qu’il professait grâce à sa chaine de télévision Al Jazeera.
Pendant ces quelques années, l’obsession de la Confrérie par les saoudiens, a occulté un danger beaucoup plus grave, la montée d’extrémismes qui ont culminé avec la prise de pouvoir par l’Organisation de l’Etat Islamique d’une partie de la Syrie et surtout de l’Irak. La faiblesse avérée des renseignements saoudiens et l’attitude inconsistante des américains n’ont pas aidé les dirigeants saoudiens à prendre les bonnes décisions. Force est de constater qu’encore aujourd’hui les stratèges saoudiens ne sont pas à la hauteur de la situation. Ils devraient mettre toutes leurs forces à l’écrasement de Daesh (Etat islamique) et à l’organisation des tribus sunnites de l’Irak pour créer le Sunnistan leur permettant ainsi d’arriver en Méditerranée. Au lieu de cela ils passent leur temps à s’exciter contre un Qatar qui n’a d’importance que parce qu’on parle de lui.
Il faut espérer qu’à Doha une nouvelle page d’histoire commune s’ouvre pour le CCG et que tout cela ne soit pas une simple unanimité de façade.