A coups de relations bilatérales le Qatar est en voie de réussir à devenir un interlocuteur privilégié de l’Algérie, le Maroc et la Tunisie. Les deux parties doivent consolider les points de convergences et être vigilants sur les jalousies que cela génère.
Le respect humain et commercial base de relations solides et durables
Il ne se passe pas un mois sans que des officiels de l’Algérie et du Qatar ne se rencontrent. Le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, se trouve, en ce moment, au Qatar pour une visite de travail lors de laquelle il doit coprésider, avec son homologue Qatari, Abdallah Ben Nasser Ben Khalifa Al-Thani, les travaux de la 5ème Session de la commission mixte Algéro-Qatarie. Nous sommes bien loin de l’époque où l’ancien premier ministre du Qatar HBJ menaçait l’Algérie d’un « printemps arabe ». Aujourd’hui les rapprochements économiques sont la base de relations qui se construisent sur des actes concrets aussi bien dans l’industrie que les services ou l’agriculture.
La relation Qatar – Maroc est sur la même lignée avec des spécificités propres à ce pays. Récemment, du 30 septembre au 2 octobre 2014, la Banque du développement du Qatar (QDB) organisait une manifestation pour se rapprocher des entreprises marocaines. Hassan Al Mansouri, directeur exécutif de Tasdeer (outil d’aide à l’exportation qatari) déclarait récemment : « La banque est là pour soutenir sous toutes ses formes les entreprises qataries et ses clients afin de leur faciliter la relation technique et commerciale. »
La relation Qatar – Tunisie était devenue complexe avec la prise de pouvoir d’Ennahdha. Elle devrait dans les mois à venir dans l’intérêt économique des deux pays reprendre son cours, puisque de nouvelles forces politiques sont venues rééquilibrer le paysage politique tunisien. En Tunisie le Qatar doit faire un effort particulier pour gommer l’image du passé récent.
Il est essentiel que le respect humain et commercial soit la base des relations entre ces trois pays et le Qatar. Il est certain que tout cela génère des jalousies, en particulier auprès des autres pays du Golfe. Le Qatar doit réussir là aussi à surmonter les crocs en jambes qui devraient arriver.
Le Qatar aura besoin d’un million de travailleurs en provenance du Maghreb dans les 15 ans à venir
La relation Qatar et pays du Maghreb va sans doute aller bien au-delà des relations commerciales. Le Qatar a une population bien trop petite par rapport aux ambitions mondiales affichées. La diversification de l’économie qatarie, en marche forcée, ne pourra s’effectuer notamment dans les services aux entreprises et aux personnes ainsi que dans le tourisme, qu’avec l’aide de travailleurs formés à ces métiers venant de pays de culture proche du Qatar. Lorsque les bataillons de travailleurs à bas niveau de qualification quitteront le Qatar en 2020, ce pays va donner la priorité absolue à un accueil massif de nouveaux travailleurs au statut bien plus élevé. Même si le Qatar rétablit des relations correctes avec l’Egypte, le Maghreb sera le pourvoyeur naturel de main d’œuvre qualifiée. Cela doit déjà s’organiser aujourd’hui notamment par une formation de haut niveau en anglais. Ce nouveau type de migrants maitrisera ainsi l’arabe, l’anglais et souvent le français.
Si le Qatar réussit le tour de force, de travailler son dossier « ressources humaines » avec intelligence, il pourra, tout en donnant des débouchés à la jeunesse du Maghreb, parvenir à améliorer son image de marque et être à l’heure aux rendez-vous économiques ambitieux qu’il s’est fixés.