La baisse importante du prix du pétrole qui pourrait continuer, diminue les marges dont le Qatar se servait pour rééquilibrer ses finances publiques. L’émir Tamim dans son discours devant la 43e session de la Shura s’est montré intraitable sur les dérapages budgétaires.
Le Qatar construit son budget avec un prix du pétrole à 65 dollars le baril espérant des marges.
Alors qu’il avait dépassé largement la barre des 100 dollars, le baril de pétrole vient de tomber ce 13 novembre 2014 en dessous de 80 dollars. Les experts de Goldman Sachs prévoient même que début 2015 il pourrait atteindre les 70 dollars. La presse internationale s’est fait échos des nombreuses raisons de cette baisse, sans doute en partie tirée par le marché, en partie par des raisons politiques de la part des saoudiens et des américains.
Alors que le Qatar a construit son budget avec un prix du pétrole à 65 dollars le baril, espérant des marges comme dans le passé, il pourrait être à terme impacté par cette baisse. L’émir Tamim dans son discours devant la 43e session de la Shura s’est montré intraitable sur les dérapages budgétaires. Mais il s’est voulu rassurant devant les inquiétudes de certains membres de la Shura les projets en cours notamment concernant les infrastructures et la préparation de la Coupe du monde 2022 iront à terme. Il a toutefois mis l’accent sur la rigueur de la gestion du Qatar afin que « de vieilles habitudes de gaspillages ne soient plus de mises ».
Le FMI dès 2013 avait alerté le Qatar
Ananthakrishnan Prasad est le conseiller spécial Moyen-Orient et Asie centrale du FMI. Il alerte le Qatar depuis deux ans sur des tensions possibles sur l’instabilité des cours du pétrole et de la dépendance du Qatar aux revenus des hydrocarbures. Il avait aussi attiré l’attention sur l’inflation. Alors que le ministère de l’économie qatari table sur une inflation à 2,5 % le FMI pense qu’elle pourrait être dans un premier temps à 3,5 % et puis au-delà de 2014 passer à 5 % soit le double des prévisions. Le conseiller indique des efforts sont faits pour dénouer les goulots d’étranglements que sont le transport et le stockage des marchandises.
Il s’interroge aussi sur la masse de capitaux à mobiliser pour les infrastructures et la coupe du monde 2022. Il faut souhaiter que le marché pétrole et du gaz ne se retournent pas, disait-il fin 2013, car le Qatar pourrait être amené à faire des choix. Il s’interroge sur la stratégie des investissements à l’étranger. Pour l’instant le Qatar n’a aucun problème de liquidité bien au contraire puisque il prête mais comme l’essentiel de l’économie et basée sur le pétrole, le gaz et ses dérivés cela n’est pas rassurant.
Finalement le conseil du FMI pour la création d’un organisme de supervision de l’ensemble des projets du Qatar, s’avère être une excellente suggestion pour la maîtrise des grands projets qataris en cours. C’est donc au sein d’un département spécifique du ministère des finances que des dossiers comme le métro de Doha, le port de Messaied, les logements pour les expatriés et d’autres sont suivis à la demande du FMI.
L’émir Tamim près de 18 mois après sa prise de pouvoir, essaie de tenir la barre du paquebot Qatar fermement au milieu d’une mer agitée. La rigueur qu’il impose à son gouvernement est essentielle car les marges qui servaient dans le passé à combler les dérapages du budget de l’état risquent rapidement de disparaître.