Pour être un médiateur il faut que votre parole soit crédible et que vos actes soient en concordances avec vos propos. Est-ce le cas pour le Qatar ?
En matière de médiation le Qatar a-t-il mangé son pain blanc ?
A plusieurs reprises l’émir Tamim al-Thani, dirigeant du Qatar a déclaré vouloir redonner à son pays son rôle de médiateur. Dans le passé et encore récemment, ce pays a démontré sa vocation à démêler des situations complexes sinon inextricables et a réussi à faire libérer des prisonniers et des otages dont la presse à fait un large écho. Du soldat américain Bowe Bergdahl prisonnier des talibans, aux infirmières bulgares, ainsi que de nombreux autres cas, le Qatar a été partie prenante et quelque fois a pratiqué la politique du chéquier pour « aider » des états à ramener chez eux leurs concitoyens. Comme l’indiquait il y a quelques heures le ministre des affaires étrangères du Qatar Khalid Bin Mohammed Al Attiyah, rapporté par Doha News, « Encore une fois, le Qatar ne s’excusera pas pour toute âme ou vie que nous avons sauvé en Syrie. Si nous pouvons négocier pour sauver une autre vie, nous allons le faire … »
Or au moment où chacun s’interroge sur le financement des groupes « terroristes » qui utilisent la prise d’otage pour assurer leur développement, d’aucuns risquent de retourner contre le Qatar son rôle « d’intermédiaire » en l’accusant d’avoir payé des rançons qui ont servies au développement de ces groupes terroristes. Ceci explique aussi l’intervention du ministre des affaires étrangères du Qatar Khalid Bin Mohammed Al Attiyah indiquant « nous ne payons aucune rançon ».
Par le passé le Qatar était moins affirmatif et ne démentait pas avoir utilisé des fonds pour libérer des prisonnier ou des otages. Il est complexe de faire du passé table rase et pire cela donne peu de crédibilité à la parole d’aujourd’hui où de nouvelles règles sont en place.
L’autre point qui pose problème est la perception des opinions publiques de l’image du Qatar. A ce jour un tunisien ou un français ont beaucoup de mal à croire un responsable qatari lorsqu’il parle de médiation. En effet lorsqu’on est capable de garder sur son sol contre leur gré des citoyens comme le journaliste tunisien Mahmoud Bouneb ou l’entrepreneur français Jean Pierre Marongiu, on peut se demander quelle crédibilité a encore le Qatar en matière de médiation.