A l’image de son jeune émir, le Qatar est en devenir, formule assez vague pour dire que personne ne sait la destination finale de ce pays. Or comme disait Sénèque « Il n’y a pas de vent favorable pour qui ne connaît pas son port. »
Le Qatar est un jeune pays à l’image de son émir
A la fin de l’interview qu’il a accordé à Christiane Amanpour’s journaliste de CNN l’émir Tamim esquisse un sourire de satisfaction. Il a globalement fait une bonne intervention aidé en cela par Christiane Amanpour’s « quasi maternelle ». Certes il a pratiqué la langue de bois en matière de droits du travail mais il a terminé sur un sujet important les droits de la femme au Qatar et l’évolution qu’il souhaite. A quelques heures d’intervalles deux autres évènements étaient mis en évidence par la presse internationale, l’affaire du foulard des basketteuses qataries et celle de Mariam al-Mansouri, une pilote à la tête d’une escadrille des Émirats Arabes Unis.
Le Qatar veut bien se fondre dans la mondialisation mais il n’a de cesse de vouloir imposer sa façon de faire et la méthode choisie par exemple par les basketteuses est à l’image du Qatar, il faut faire un « clash ». Pour exister le Qatar joue sur toutes les subtilités de la communication au sens large quitte à utiliser le paradoxe, pour l’émir Tamim pour se faire entendre au niveau mondial il passe par CNN principale concurrente de sa propre chaîne de télévision Al Jazeera.
A côté du Qatar seulement à quelques encablures, un pays n’hésite pas à se mettre en scène aussi sur les droits de la femme, ce sont les Emirats Arabes Unis. Mariam al-Mansouri, une pilote à la tête d’une escadrille des Émirats Arabes Unis (EAU) bombarde les positions de Daesh. Alors qu’au Qatar, pays bien plus petit en nombre d’habitants, les femmes seront affectés dans l’armée à des rôles d’administration, les EAU n’hésitent pas en matière militaire à mettre la femme sur un pied d’égalité avec les hommes. Pour autant le sort des femmes en général dans ce pays hors armée sont loin d’être exemplaires.
Sans doute le point fort de cette interview a été l’annonce d’un retour pour le Qatar à un rôle de médiateur, même si en réalité il ne l’a jamais complètement abandonné. L’émir Tamim qui a succédé à son père fin juin 2013, essaie de nous convaincre que son pays souhaite la paix et que dans un passé récent le Qatar s’était impliqué un peu trop dans des affaires « étrangères », ce qui lui a valu d’être rejeté par beaucoup de pays et notamment par ses voisins du Golfe.
Il est certain que la dimension politique de l’émir Hamad accompagné par un premier ministre HBJ, aux allures de cow-boy, n’ont rien à voir avec les dirigeants actuels. D’aucuns s’interrogent même s’il existe encore un premier ministre au Qatar ? L’amorce voulue ou imposée à l’émir Tamim d’un changement de politique étrangère pour favoriser son rôle de médiateur prendra du temps. Et pendant ce temps, nul ne sait ce que le Moyen Orient nous réserve, l’émir Tamim en convient au détour d’une phrase. Ce qui est vrai aujourd’hui peut rapidement changer tant le chaudron de cette partie du monde bouillonne.
A l’image de son jeune émir, le Qatar est en devenir, formule assez vague pour dire que personne ne sait la destination finale de ce pays. Or comme disait Sénèque « Il n’y a pas de vent favorable pour qui ne connaît pas son port. »
L’émir Tamim connaît-il son port ? C’est probable, mais pour y arriver il tire des bords et dans ce monde d’images, sous le feu des projecteurs, il donne l’impression d’aller à tous les vents. Quand connaîtrons-nous cette destination ? Assez rapidement car les évènements s’accélèrent.