Le droit du travail a-t-il évolué ces derniers mois au Qatar ? L’expression très habile de l’émir Tamim pourrait faire croire que c’est oui, alors que la réalité est pour le moins mitigée.
Eclairons le débat sur de droit du travail au Qatar
Lors de sa visite en Allemagne, l’émir Tamim a reconnu certaines erreurs et problèmes concernant l’application du droit du travail qatari aux expatriés présents dans son pays. Il a indiqué que ces difficultés étaient en passe d’être résolues. Le droit du travail a-t-il réellement évolué ces derniers mois au Qatar ?
Deux faits positifs sont à noter, en premier lieu un renforcement des contrôles des ministères du travail et de l’intérieur. Cette pression sur les employeurs est concrète mais le nombre des « contrôleurs » étant notoirement insuffisant, il reste beaucoup à faire. En deuxième lieu, le virement du salaire sur un compte bancaire qui était déjà utilisé dans certaines entreprises, va être étendu à tous ceux qui disposent d’un compte bancaire. La démarche est en cours mais il reste aussi beaucoup à faire, notamment lorsque les employeurs sont en retard de paiement.
Mais sur les points importants rien n’a vraiment bougé, le kafala est toujours en place, les passeports sont toujours pour la plus part dans les mains des employeurs et il est toujours interdit de quitter le territoire à sa guise. Bien sûr tout cela est probablement en cours de traitement mais aucun calendrier précis n’existe.
Pire, sur certains sujets la situation se détériore, comme par exemple la mise en place de Metrash 2 véritable système développant la chasse à l’homme pour les salariés qui ont quitté leurs employeurs. La problématique du logement avec le scandale de cet été où des centaines de travailleurs ont été expulsés de leur logement et un avenir sombre car encore plus de migrants vont arriver. Les équipements de travail toujours insuffisants notamment pour les salariés travaillant en hauteur … Et la dernière en date la loi sur la cybercriminalité qui interdit aux travailleurs de « revendiquer » une amélioration de leur vie quotidienne car ils pourraient tomber sur une inculpation pour atteinte à l’« ordre général » ou aux « valeurs sociales » du Qatar.
Alors, l’émir Tamim a-t-il menti à la chancelière allemande Angela Merckel ? En employant la formule « tout cela est en passe d’être résolu », il reste assez vague et permet à Angela Merkel de sauver la face. La chancelière connaît parfaitement l’état de la situation des migrants au Qatar, comme Hollande ou Cameron elle préfère faire confiance et attendre la bonne volonté de l’émir. Même la puissante Allemagne est bien obligée de se plier au calendrier du Qatar.