A bien des égards l’attitude de la Turquie face aux djihadistes ressemble à celle du Qatar. Une aide non maitrisée qui aujourd’hui va être comptabilisée contre ces deux pays. Le prix à payer pour la Turquie est identifié, application du traité international de Sèvres, création d’un état Kurde. Pour le Qatar, une fois encore les américains décideront de son sort.
La politique étrangère des états a souvent des conséquences internes
Obama aurait bien voulu finir son mandat sans rentrer dans un nouveau conflit au Moyen Orient. Il savait que personne en sort indemne tant la situation est inextricable. En passant un pacte il y a quelques temps avec l’Arabie saoudite qui devait reprendre son leadership il gommait en même temps les erreurs de ce pays en matière d’aides aux djihadistes. Depuis l’Arabie saoudite essaie de contenir l’aide accordée par ses ressortissants. Elle vient de s’engager dans une coalition dont l’objet est de détruire un Califat instruit par l’Etat islamique (EI) qui la désigne comme première grande puissance à abattre, étant le symbole du sunnisme dont ce revendique aussi cette organisation. Après avoir annexé indirectement l’Egypte, l’Arabie saoudite s’attaque aux deux autres « forces du mal » la Turquie et le Qatar. Le combat contre l’Etat islamique lui donne la possibilité d’accentuer les attaques qui viennent de toutes parts contre la Turquie.
Turquie et Qatar un avenir complexe
A bien des égards l’attitude de la Turquie face aux djihadistes ressemble à celle du Qatar. Une aide non maitrisée qui aujourd’hui va être comptabilisée contre ces deux pays. Le prix à payer pour la Turquie est identifié, application du traité international de Sèvres, création d’un état Kurde, cela va demander un peu de temps mais c’est en route. Toutefois, il faut que les Kurdes arrivent à s’entendre entre eux.
La problématique pour le Qatar est son alliance tactique avec les frères musulmans qui déplait fortement à l’Arabie saoudite. En effet le Qatar a bien failli prendre le dessus sur l’Arabie saoudite avec le réseau et les ramifications dont disposent les frères musulmans. Ceux-ci ont bénéficié longtemps de l’aide des américains car ils représentaient une version acceptable d’un islam politique. Ceci reste toujours vrai et pourra resservir une fois l’Etat islamique détruit. En attendant, les excès du Qatar et la mauvaise gestion du pouvoir de la Confrérie en Egypte ainsi que la forte pression de l’Arabie saoudite avec sa filiale les Emirats Arabes Unis ont fait changer provisoirement d’avis Obama et son administration. La suite on la connait, en Egypte l’armée a pris le pouvoir en destituant Morsi et les saoudiens et émiratis en crise ouverte avec le Qatar.
Si l’entrée en guerre contre l’Etat islamique remet à plus tard les velléités de l’Arabie saoudite contre le Qatar, pour ce qui concerne la Turquie la constitution de l’état Kurde est en route avec le pourvoi en armes lourdes par les anglais et les américains aux combattants kurdes. Le bouquet final devrait arriver dans quelques mois avec l’installation d’une base américaine sur le sol du nouvel état Kurde pour surveiller et pérenniser cet état et grader un œil sur le pétrole irakien.
Comme le conflit avec l’état islamique risque de durer « un certain temps », le Qatar qui représente pour beaucoup une des facettes des américains dans le Golfe a encore un peu de temps devant lui en attendant celui ou celle qui remplacera Obama. Quel sera le destin du Qatar, ce nouveau maître du monde en décidera, mais tout porte à croire que c’est un pays qui peut encore servir et qui a tout intérêt à conserver ses liens avec la Confrérie des frères musulmans qui restent la seule solution face à des Califats qui ne manqueront pas de mourir et renaître.