Benjamin Netanyahu vise le court terme mais qui remplacera le Hamas s’il venait à s’effondrer ? Il faut éviter impérativement que la frange militaire des frères musulmans fasse alliance avec l’Etat islamique, Israël et le monde entier aurait beaucoup à y perdre.
Le jour d’après
Benjamin Netanyahu poussé par quelques conseillers irresponsables a décidé la fin de son pire adversaire du moment le Hamas, organisation dans la mouvance des frères musulmans. Il est certain que de nombreux éléments lui donnent raison et que le Hamas doit évoluer pour être plus gestionnaire et moins terroriste. Mais Benjamin Netanyahu a-t-il réellement préparé le jour d’après ?
En premier lieu le Hamas ne se laissera pas abattre sans faire de dégâts, mais qui le remplacera, les alliés du Hamas décimés, l’Autorité palestinienne ? Même si demain, les habitants de Gaza attirés par « un moment de paix » pourraient faire semblant d’apprécier le retour de l’Autorité palestinienne tout cela ne durerait pas, car toute la jeunesse de Gaza est née au milieu des bombes israéliennes et ce bruit lui est familier.
L’acharnement actuel contre le Hamas et les frères musulmans par des alliés de circonstances, l’Egypte et Israël, finira par aboutir à l’inimaginable, l’alliance aussi de circonstance entre la branche armée des frères musulmans avec l’Etat islamique. Lorsque vous êtes dos au mur et sans lendemains ce qui compte et de vivre.
Abu Bakr al-Baghdadi fait partie du jour d’après
Lorsque les historiens plus tard analyseront l’été 2014, ils pointeront du doigt un effet de vase communiquant peu visible pour l’instant mais réel. La fin de « l’espoir » suscité par les frères musulmans et les printemps arabes et la montée en charge de l’extrémisme islamique.
La lourde responsabilité du président américain Obama et de son administration qui auront fait des mauvais choix en abandonnant les frères musulmans et en manquant de réaction pour apporter les corrections nécessaires.
L’incroyable légèreté des pays du Golfe qui n’ont pas su maîtriser l’hydre qu’ils ont créé et qui n’ont pas coupé à temps les financements. Leur division pathétique et infantile les mettra en difficulté à court terme car l’hydre assoiffée de sable et de sang viendra chez eux car ils sont dépositaires de richesses excessives.
Et la responsabilité collective d’une Europe habituée à enfuir la tête dans le sable. Un reproche particulier pour la France qui devait intervenir en Syrie mais qui n’a plus les moyens seule de pouvoir rectifier l’histoire. Il était à l’époque encore temps d’endiguer la vague qui aujourd’hui submerge le Moyen Orient et qui va se répandre de partout. On a laissé Abu Bakr al-Baghdadi préparer son lendemain et employer le mot « magique » qui chante à l’oreille de beaucoup de jeunes dans le monde musulman et au-delà, le Califat.
Le Califat est un symbole
Abu Bakr al-Baghdadi est un théologien pratiquant, il savait parfaitement qu’en prononçant le mot « magique de Califat », alors que les frères musulmans n’avaient pas osé le dire, il allait attirer toute une population qui rêve d’un autre monde, d’une autre époque où l’islam éclairait le monde. La religion n’est qu’un prétexte, la jeunesse attiré par ce nouveau Calife, rêve d’un autre monde en partie virtuel et en partie réel.
Pour nourrir leur imagination le Calife leur permet de jouer à la guerre avec des vrais morts, de piller, de violer de passer du virtuel au réel et d’y retourner. De désigner des ennemis, l’Amérique, Israël et les autres. Au-delà de la jeunesse Abu Bakr al-Baghdadi bénéficie de l’aide de tous ceux qui en Irak en Syrie mais aussi dans tout le Moyen Orient se sentent bafoués, exclus des richesses et qui rêvent d’un monde meilleur. Notre vision occidentale nous coupe de certaines impressions et souffrances perçues par des habitants de l’Irak et d’ailleurs. Lorsqu’il ne vous reste plus rien on se jette à corps perdu dans ce qui vous semble être votre seul espoir.
Les américains, les pays du Golfe, les européens et les autres pays du monde doivent d’urgence intervenir car l’hydre grandit chaque jour un peu plus se nourrissant de nos malheurs. Pour l’exterminer, le seul remède est de faire renaître l’espoir d’un monde plus juste où le partage du travail et des richesses est plus large mais avant tout de cesser de créer des foyers de malheurs qui nourrissent l’hydre.
Abattre le Hamas à Gaza ou éliminer les frères musulmans en Egypte crée le ciment fédérateur qui rapprochera inévitablement ce qui tout oppose aujourd’hui.