En une décennie le Qatar veut rattraper 100 ans d’histoire de football. Une prise de risques pour tout un pays décidée par quelques élites.
Rattraper 100 d’histoire de football
Lorsque l’émir Hamad il y a quelques années décida de se lancer dans cette aventure il était loin de se douter à quel point son pays serait sous les feux des projecteurs. Il était entouré de quelques élites dont son fils le prince Tamim devenu aujourd‘hui l’émir du Qatar.
Pascal Boniface qui connait bien le Qatar, les relations internationales et le football en parle dans une de ses nombreuses France Info. En voici un extrait « …Ils se servent du football pour être connus (les Qataris). Il n’y a pas une véritable passion de l’ensemble de la population du Qatar. Les stades ne sont pas pleins. Mais parmi les élites dirigeantes du Qatar il y a une compréhension que le football est un vecteur d’image parmi les plus importants au monde. »
Le Qatar a traduit ses ambitions par un document fondateur « Vision 2030 » pour atteindre ses objectifs il a recherché plusieurs « carburants », le football en fait partie. Entouré de quelques conseils de hauts niveaux le Qatar s’est positionné pour accueillir la Coupe du monde 2022 qu’il a obtenu en 2010. Douze ans pour tout créer, une filière football, des infrastructures et des stades. Cela est possible avec d’importants moyens, le Qatar considère qu’il lui faut environ 200 milliard de dollars dont 160 pour les infrastructures et 40 spécifiquement pour la Coupe de football. Ces sommes paraissent considérables mais l’essentiel restera après 2022.
Tout en créant une équipe de football qatarienne pour participer activement à la Coupe 2022, le Qatar a recherché une notoriété externe en football et pour cela il a investi en Europe et en particulier au PSG. La montée en charge se faisait correctement jusqu’aux premiers accrocs.
L’histoire est têtue
En 2010 le Qatar obtient la Coupe 2022 à la surprise générale. Quelques jours plus tard remis du choc, plusieurs forces se mettent en mouvement pour, soit contrarier cet octroi, soit s’en servir pour faire évoluer les droits en vigueur dans le pays. La corruption, les droits des travailleurs, la chaleur, l’accueil des spectateurs… tout est passé au crible pour trouver soit de quoi faire chuter le Qatar soit de quoi faire avancer les droits des migrants qui représentent plus de 85 % de la population totale du pays.
Quatre ans plus tard si le Qatar avance dans ses infrastructures il vient juste de commencer à travailler sur son premier stade. Les forces contrariées par l’octroi de la Coupe 2022 se sont organisées et tapent tous les jours sur le Qatar, les sujets ne manquent pas. Il y a des faits dévastateurs pour l’image du Qatar comme la possibilité d’une corruption, l’exploitation sans vergogne des travailleurs, les manquements importants aux droits de l’homme, la découverte d’une justice moyenâgeuse… La population qatarie devant un tel déferlement dans un premier temps resserre les rangs autour des élites mais espère que tout cela s’arrête rapidement car l’image de leur pays se brouille.
Le Qatar en mettant tant d’espoirs dans le football joue sur une scène où il ne maîtrise pas tous les éléments. Tout porte à croire qu’une fois le doute de la corruption levé, les droits des travailleurs modifiés et le choix de la date fixé définitivement ces tensions devraient retomber. Mais si par malheur l’enquêteur officiel de la FIFA venait à confirmer les soupçons de corruption, la note à payer pour le Qatar serait lourde de conséquences tant au niveau financier que pour son image de marque. Une crise politique interne majeure pourrait advenir car une grande partie de la population rappellerait à l’émir Tamim qu’ils ont été absents au moment de la décision et seront absents au moment de la distribution des sommes espérées.
Un sport peut-il être autant le carburant d’un pays, nous en parlerons prochainement