Les qatariens représentent moins de 10 % du total des habitants du Qatar. Comment arriver à « vivre ensemble » avec le reste de la population sans perdre ses coutumes notamment vestimentaires. Une campagne d’information « Reflect your respect », essaie de résoudre cette équation. Pour les expatriés il y a d’autres priorités.
Hospitaliers sans perdre ses valeurs
Est-ce l’approche du Ramadan ou une crainte de voir ses coutumes vestimentaires disparaitre, plusieurs groupes de qataris informent la population des bonnes pratiques en cours au Qatar avec une campagne de communication au titre de « Reflect your respect .
La difficulté majeure auquel se heurtent cette campagne et ses intervenants est le rapport entre la population locale qui représente moins de 10 % du total et la multitude de nationalités qui séjournent dans le pays. Chacun avant de se rendre dans les pays du Golfe et en particulier au Qatar se renseigne sur la tenue vestimentaire afin de respecter les usages locaux.
Mais le débat existe en particulier au Qatar car la différence entre les autochtones et les expatriés et tellement grande que malgré cette campagne il sera difficile de « convertir » tout le monde à l’habillement local. Tout au plus pendant le Ramadan les expatriés non musulmans font l’effort de se plier aux usages locaux mais de là à l’imposer toute l’année l’affaire comme le souhaitent certains qataris est loin d’être gagné.
D’ailleurs ceux qui prônent un développement conséquent du tourisme sont plus prudents et viennent « gentiment » de se mettre à l’écart de cette initiative. Comment imaginer la Coupe du Monde 2022 avec une obligation vestimentaire ?
La solution pourrait être trouvée avec le temps lorsque le rééquilibrage se fera en faveur d’une population moins asiatique – occidentale et plus arabe. Au-delà du langage il y a souvent partage d’usages vestimentaires.
Lors de son discours de Washington sur les arts Scheikha Mayassa avait vanté l’abaya comme habit traditionnel, sobre et fonctionnel. Ce fut un acte politique d’une dirigeante qatarie devant un parterre d’américaines. Il y a volonté au plus haut de l’état du Qatar de faire une part belle aux valeurs traditionnelles mais vouloir jouer à l’international c’est aussi accepter de se confronter aux valeurs vestimentaires d’autres pays.
Faire venir au Qatar des travailleurs du monde asiatique et occidental aussi massivement et dans un temps aussi limité provoque forcement une « confrontation de valeurs ». En tous cas la méthode choisie, par les groupes de qataris souvent des femmes, qui vont distribuer des friandises, des fleurs et des châles avec un dépliant expliquant le pourquoi de cette campagne, est la bonne. Ceci est favorable « aux expéditions punitives » pratiquées ailleurs dans le monde. Bien sûr on peut invoquer l’article 57 de la Constitutions qatarie sur les « bonnes mœurs sur la voie publique » mais sans la persuasion et le rééquilibrage à terme des populations, ce type de campagne peut déraper rapidement en tension interne au Qatar.
Ces expatriés pourraient à ce moment-là rappeler que certes la tenue vestimentaire est importante mais qu’il y a des sujets primordiaux comme le respect des droits de l’homme, les conditions de travail inhumaines à certains endroits du Qatar et qu’aucune campagne n’est envisagée par « ses qataris ». Face au respect de la vie humaine le sujet vestimentaire pourrait paraître bien futile.
Plus d’infos sur cette campagne suivre Doha News