L’accord signé entre le Qatar est l’Arabie saoudite et ses satellites, facilité par le Koweït est une erreur stratégique de l’Arabie saoudite. Soit il ne fallait pas commencer officiellement le combat contre le Qatar soit il fallait aller jusqu’au bout. L’émir Tamim a compris le danger et il va tout faire pour y échapper.
L’erreur est humaine mais les conséquences peuvent être incalculables
L’émir Tamim et sans doute son père l’émir Hamad viennent de remporter une étape cruciale dans le combat qui les oppose à l’Arabie saoudite sur la vision du monde.
Lorsqu’il était adolescent, Tamim entendait son père l’émir Hamad lui dire 3 fois par jour « nous devons craindre l’Arabie saoudite autant que l’Iran ». Hamad expliquait qu’il ne pouvait pas être une pâle copie de l’Arabie saoudite, sa vision du monde était différente, le peuple devait avoir sa place dans la gestion du pays. Il fallait donc agir pour que cela arrive.
La seule chance du Qatar était de se mettre sous couverture américaine mais surtout d’avoir avec soi, une « masse » populaire, intellectuelle et invisible capable de se reprendre dans le monde entier. Tamim dit à son père mais cette « masse » n’existe pas, le père lui répondit « détrompe-toi, elle existe, elle a juste besoin d’aide et d’objectifs. Hamad s’assura que les américains n’y étaient pas opposés et il donnât les moyens aux «frères musulmans » de devenir « l’espoir » d’une autre vision du monde. Un monde ou le peuple a le droit de penser et donner son opinion et de participer à la gestion du pays.
En moins de 20 ans les frères musulmans sont devenus cette force incontournable. Bouleversant le monde arabe, créant « l’espoir », en utilisant l’opportunité du printemps arabe, ils prennent le pouvoir, pour donner la parole au peuple. Mais mal préparés, n’ayant pas fait leur propre révolution interne, les frères musulmans une fois au pouvoir confondent intérêt particulier et intérêt général. C’est l’échec quasi immédiat dans l’immense pays qu’est l’Egypte « l’espoir » ne dure même pas un an. L’émir Hamad le paie de sa place mais reste conseiller de son fils Tamim.
Fin juin 2013 le nouvel émir revêt son habit de « conducteur » de son pays. Sa première visite est pour l’Arabie saoudite, il a une certaine sympathie pour le vieux roi Abdallah, il lui explique qu’il est possible de vivre côte à côte en se respectant.
Errare humanum est, l’erreur est humaine mais les conséquences peuvent être incalculables. Le vieux roi qui avait eu peur du printemps arabe, des frères musulmans et qui a toujours considéré que le Qatar était une province de l’Arabie saoudite, mal conseillé, engage un bras de fer avec le jeune émir. Or sept semaines plus tard un accord vient mettre fin à ce bras de fer. Le jeune émir a gardé son sang-froid et ramené autour de la table les « mauvais conseillers du roi Abdallah ». Celui-ci devrait dans quelques temps céder le pouvoir, il vient de désigner un prince héritier.
L’accord signé entre le Qatar est l’Arabie saoudite et ses satellites, facilité par le Koweït est une erreur stratégique de l’Arabie saoudite. Soit il ne fallait pas commencer « officiellement » le combat contre le Qatar soit il fallait aller jusqu’au bout. L’émir Tamim a compris le danger et il va tout faire pour y échapper. Ce que Hamad n’avait pas fait Tamim va le faire, organiser une réelle défense de son territoire en dehors des américains. Il a pour cela besoin de temps. En attendant il va donner quelques assurances à ses voisins, réorganiser les frères musulmans, faire bouger les lignes en Syrie et en Egypte…
Tamim entend toujours ce que son père lui répétait « Hamad expliquait qu’il ne pouvait pas être une pâle copie de l’Arabie saoudite, sa vision du monde était différente, le peuple devait avoir sa place dans la gestion du pays. Il fallait donc agir pour que cela arrive. » Or, errare humanum est, perseverare diabolicum.