La politique du Qatar aide-t-elle le pays où l’entraine inexorablement vers une impasse ?
Qatar, un pas en avant deux pas en arrière
La nécessaire confiance que doit inspirer le Qatar pour qu’il puisse prospérer est régulièrement remise en question par des choix hasardeux.
Lorsque au mois d’août 2013 nous titrions un de nos articles « Emir Tamim réveille-toi les experts te conduisent à la ruine », l’objectif était bien d’alerter les autorités qataries de la mauvaise image qu’ils renvoyaient. Quelques semaines plus tard la presse s’emparait du dossier des Nepalîs et autres travailleurs morts en nombre pendant l’été. L’affaire des quatre français retenus au Qatar malgré eux prit de l’importance. Au niveau de la région du Golfe l’Arabie saoudite et les Emirats Arabes Unis prenaient en charge l’avenir de l’Egypte chassant le Qatar et ses alliés les frères musulmans. La FIFA essayait de trouver une solution pour la coupe 2022 au Qatar qui était attaqué de toute part aussi bien sur le nombre de morts que sur des suspicions de malversations ou le débat sur la période été ou hiver.
Tout le monde attendait un déminage du terrain sur chacun de ces sujets mais force est de constater que le Qatar quand il fait un pas en avant sur le règlement des problèmes évoqués immédiatement il en fait deux en arrière. De plus en plus d’observateurs s’interrogent, mais qui diable conseille l’émir Tamim pour l’envoyer dans des impasses en permanence ?
Prenons l’exemple de l’affaire de Qaradaoui, ses prêches endiablés notamment contre les Emirats Arabes Unis auraient méritées du moins une période de calme pour ne pas envenimer la situation. L’émir aurait pu lui demander de se taire quelques temps, voire de passer le flambeau à quelqu’un comme Tariq Ramadan qui fait un peu plus dans la subtilité. Rien, aucun mouvement dans le sens des Emirats, évidemment la réaction de colère de ce pays et de son allié l’Arabie saoudite ne s’est pas fait attendre. Il aura suffi d’un attentat à Bahreïn pour que la poudrière éclate. Retrait des ambassadeurs, accélération de certains projets pour attirer les sous-traitants, mise en place d’une asphyxie économique qui devrait prendre de l’ampleur dans les mois à venir.
Même si Khaled Al Attiya, ministre des affaires étrangères à raison de parler de la souveraineté du Qatar dans ses choix. N’empêche il faudra bien trouver quelques moyens de rassurer les pays autour notamment sur la sécurité maritime. Il suffit d’enquêter quelques jours pour découvrir qu’il existe en la matière une véritable « faille » dans la surveillance maritime. Ceux qui ont la charge de surveiller les écrans radars passent plus de temps à faire la « causette » que s’occuper de leur tâche. Un paquebot pourrait passer qu’ils ne le verraient pas…
De toute manière il va bien falloir sans perdre la face entamer une négociation avec les voisins, souvent qualifié de « membres de la famille ». Le choix permanent d’occulter les problèmes en pratiquant la méthode « Coué » ne peut inspirer confiance dans l’avenir.
Que dire de l’affaire Marongiu qui aurait déjà dû être réglée. Ce n’est pas en se payant des reportages publicitaires que le Qatar va redorer son image en France. Quand on voit que le site de l’ambassade du Qatar en France alors que le nouvel ambassadeur a pris ses fonctions en novembre 2013, montre toujours l’ancien ambassadeur, ceci en dit long sur ce que le Qatar pense de la France.
Que dire des améliorations des conditions de vie des travailleurs expatriés à qui on promet « un internet de qualité à l’avenir » mais à qui souvent on ne paie pas le salaire, vivent encore dans des logements surpeuplés et insalubres et continuent à mourir dans l’indifférence des sponsors qataris ?
L’émir Tamim doit sur quelques sujets montrer qu’il domine la situation et qu’il avance sur des réalisations et des propositions concrètes. C’est bien là, la seule façon de redonner confiance dans l’avenir du Qatar et de faire oublier cette fragilité qui lui colle à la peau.
Photo : Cahiersdelimaginaire