Le Qatar est mis en demeure de présenter avant le 12 février 2014 un état des lieux sur l’amélioration des conditions de travail au Qatar. La FIFA ira-t-elle jusqu’au bout ?
Peut-on croire la FIFA ?
La démarche de mise en demeure paraît pour le moins surprenant car une certaine « complicité » était soulignée entre les autorités qataries et les responsables de la FIFA. La dégradation des conditions de travail est tellement importante que personne ne peut l’ignorer. Ce qu’il faut noter c’est que le courrier est signé par Jérôme Valcke Secrétaire Général de la FIFA. La Fifa produit un communiqué sur son site très explicite « La FIFA a demandé au conseil suprême pour l’organisation et la durabilité (Supreme Committee for Delivery and Legacy) de présenter d’ici au 12 février 2014 un état des lieux sur l’amélioration des conditions de travail au Qatar. » Le rapport doit être, rajoute la FIFA, présenté le 13 février au parlement européen.
Le Qatar n’a rien fait pour améliorer concrètement les conditions de travail
De nombreuses promesses ont été faites par le ministre du travail et par le gouvernement qatari mais concrètement rien n’a réellement bougé. Le nombre de morts a diminué légèrement simplement parce que c’est l’hiver et que les températures son plus raisonnables. The Guardian vient de confirmer et amplifier les chiffres concernant les décès annoncés. Mais il rajoute, ce que nous indiquons depuis longtemps, un nombre impressionnants de blessés dont certains handicapés à vie.
Le point crucial demeure le système du kafala (sponsorship) qui prive le travailleur lorsqu’il est en situation de danger grave et imminent de la possibilité d’exercer un droit de retrait et de changer d’employeur. S‘il quitte son travail, il peut rester des mois sans aucune rémunération, errant sans trouver un autre travail, finissant même quelque fois en prison pour insubordination. Le kafala est un système que les sponsors qataris ne souhaitent pas voir changer. Or les travaux directement liés à la coupe du monde 2022 vont commencer, cela oblige le Qatar à recruter plus d’un million de travailleurs supplémentaires pour 3 à 5 ans. Le nombre de morts devrait se multiplier d’une manière importante.
La responsabilité repose sur un contrôle des conditions de travail totalement inefficace de la part des fonctionnaires qataris. D’une justice complètement dépassés par les événements et défendant pour l’essentiel les qataris. Et des grandes entreprise mondiales résidentes au Qatar qui présentent des chiffres d’accident de travail excellents car occultant la part sous-traitance.
Des solutions existent pourtant
Les solutions pour remédier à cette situation qualifiée inacceptables par la FIFA existent et pourraient être déployées rapidement sur le terrain. Nous avons en son temps fait part de ces solutions qui reposent sur l’abandon du kafala et la mise en place d’un contrat de travail de type international. Une responsabilisation des travailleurs pour faire face aux nombreux accidents de travail par une formation et un contrôle par les travailleurs eux-mêmes, les inspecteurs du travail étant saisis par les travailleurs. La mise en place d’un droit de retrait en cas de situation de danger.
L’amélioration des conditions de vie et de travail passe par le respect notamment d’une diminution du temps de travail pendant les fortes chaleurs, la fourniture d’équipements individuels de protection, d’eau, d’ouverture de restaurant ouvriers et de lieu de repos rafraichis avec moins de promiscuité.
Le paiement des salaires d’une manière régulière et la mise en place d’un salaire minimum correct.
La création d’une cotisation spéciale « Gros risques » décès, invalidité et incapacité qui permettrait en cas de décès ou invalidité d’assurer aux familles la possibilité de faire faces aux charges pour trois ans minimum et au salarié invalide de disposer d’un revenu…
Il manque aujourd‘hui seulement la volonté au niveau du plus de l’état du Qatar de mettre en place un véritable plan d’action. Nous pensons que le Qatar, sauf miracle, ne fera que des propositions à la marge, la FIFA devra à ce moment là en tirer les conclusions avant que les travaux débutent et accorder cette coupe 2022 à un autre pays avec des engagements clairs sur les conditions de vie et de travail.