La refondation du Qatar par l’émir Tamim

L’émir Jassim appelé le fondateur a réussi à réunir les tribus de la mer et de la terre pour constituer le socle du Qatar. L’émir Tamim lui doit réussir la refondation du Qatar en développant le nombre des qataris par l’accueil de nouvelles tribus, faire les bons choix économiques et entrebâiller les portes de la démocratie.

Rassembler les tribus du Qatar

Au temps de l’émir Jassim, de 1876 à 1913, le challenge fut de rassembler les tribus de terre et de la mer pour constituer le socle du Qatar. Il fallut toute l’énergie de cet homme pour fonder le Qatar. Ce pays a poursuivi son chemin dans la tradition et la discrétion jouant souvent le rôle de conciliateur jusqu’à l’arrivée de l’émir Hamad en 1995. Le pilier réunissant les qataris était la famille.

L’émir Hamad un homme entreprenant, entouré d’une femme d’une grande perspicacité et d’un premier ministre  qui avait soif de conquêtes, a transformé le Qatar. Ce pays est passé des années 1900 à un Qatar futuriste des années 2030  sans en conforter les fondamentaux. Depuis quelques années la famille explose.

Utilisant les ressources gazières avec largesse, plus dans une influence politique qu’économique, ils prirent conscience un peu tard que les tribus s’éparpillaient dans le monde et que  le niveau des infrastructures du pays n’était pas à la hauteur de ce futur qu’ils voulaient. Ils imaginèrent alors un événement qui permettrait de revenir des lointaines contrées où ils s’égaraient pour rassembler à nouveau les tribus du Qatar. La coupe du monde 2022 arrachée de haute lutte naquît.

 

Malgré les apparences le Qatar périclite

La famille en voie de destruction, la jeunesse en péril, le nombre de qataris devrait à terme baisser. Pendant ce temps, la population expatriée ne cesse d’augmenter. Les qataris représenteront bientôt moins de 10 % de la population. La mise à niveau des infrastructures et la coupe du monde 2022 ont accéléré la prise de conscience que le Qatar périclite malgré les apparences.  L’éducation n’a pas su créer l’envie auprès de la jeunesse qatarie, elle se transforme en entreprise de services. La justice n’est pas à la hauteur d’un pays moderne, les juges sont étrangers et la nécessaire modernisation administrative n’a pas eu lieu. L’armée est aux mains des mercenaires ainsi que la garde qui protège la famille royale…

La réussite économique tourne pour l’essentiel autour du gaz et ses dérivés même si des secteurs comme la finance et autres pointent leur nez. La volonté existe de se sortir de l’emprise du gaz mais il faut les hommes et les femmes qataris pour le faire.

 

Accueillir de nouvelles familles

C’est le nécessaire débat autour du statut du résident permanent. Déjà certains expatriés, certes rares, peuvent bénéficier d’un statut de résident pour 5 ans. Mais il faut aller au-delà et prévoir une carte de séjour pour une durée bien plus longue et ouvrir de nouveaux droits pour faciliter la vie des résidents expatriés souhaitant s’installer dans ce pays. La première des avancées devra porter sur la suppression du système du sponsorship pour les résidents de longue durée dans l’attente qu’il soit totalement abandonné. Au-delà rapprocher les droits du statut d’expatrié permanent des droits actuels des qataris, en tout cas comme l’indique cet expert, dont parle Doha News dans un de ces articles, le Qatar doit peser sur la mentalité de mercenaire qui se développe.

L’émir Tamim sait que plus il attend, moins il aura de marges de manœuvres pour convaincre « ces mercenaires » de devenir des « patriotes ». Le statut permanent doit s’accompagner d’engagements politiques possibles au niveau de la commune et de l’agglomération, d’un regroupement familial et d’une liberté du culte religieux.  La tâche de l’émir est immense car il devra affronter « les conservateurs » qui préfèrent mourir par extinction au lieu d’ouvrir la nationalité qatarie. L’émir Tamim lui doit réussir la refondation du Qatar en développant le nombre des qataris par l’accueil de nouvelles tribus, faire les bons choix économiques et entrebâiller les portes de la démocratie.