Qatar 2022 a strategic mistake

Le Qatar et Bahrain se félicitent de l’accord de l’Iran sur le nucléaire. Or l’Iran en revenant un peu à la fois sur les marchés va bouleverser l’économie du Golfe et le marché des hydrocarbures notamment le gaz. Ce qui aura des conséquences inévitables sur l’économie du Qatar.

 

L’émir Tamim anticipe une stagnation des revenus du Qatar

Lors de son discours devant les autorités politiques du Qatar début novembre l’émir Tamim avait indiqué clairement que la croissance du Qatar atterrissait lentement. Elle serait importante toutefois pendant 3 à 5 ans dans le secteur du bâtiment et travaux public. Les réformettes probables concernant le salaire et conditions de travail des expatriés risquent toutefois d’atténuer même dans ce secteur la croissance.

 

Le développement économique du Qatar découle de la mise en valeur de ses ressources hydrocarbures, en particulier des importantes ressources gazières. A partir des années 90, les Autorités Qatariennes ont mis l’accent sur l’exploitation gazière et ses dérivés. Elles représentent aujourd’hui 56 % du PIB et 73 % des recettes budgétaires.

Le journaliste El Kadi Ihsane produit Elwatan dans le journal El Watan dans lequel est abordé l’avenir de l’Iran. « Le temps était venu en 2013 pour Téhéran de relancer à la fois la prospection d’hydrocarbures, notamment de gaz naturel — l’Iran abrite les premières réserves du Proche-Orient, leur exportation et les flux de capitaux et de technologies qui permettent d’accueillir des délocalisations compétitives … » « Les excédents énergétiques carbonnés des producteurs de l’Opep sont clairement menacés de mévente sur les 15 prochaines années à cause de la révolution du gaz et du pétrole non conventionnels en Amérique du Nord, mais aussi parce que la pression climatologique monte inexorablement. »

Analyse sans doute un tantinet pessimiste mais la prudence est de mise même au Qatar.

 

L’affaire de l’acier algérien un premier signal ?

Dans les jours avenir, le Qatar arrêtera définitivement sa position concernant la production d’acier en collaboration avec les algériens sur le site de Bellara. Cet investissement au minimum de 3 à 5 milliards pourrait être remis en question donnant le premier signal d’une remise à plat des investissements.

Si l’émir Tamim avait un égo moins développé et ne pensait qu’aux intérêts du Qatar il remettrait en question la Coupe du monde 2022 puisque le Qatar n’est pas prêt dans l’immensité de sa population à accueillir cet événement. Et qu’il ne fera pas les réformes dans le sens attendu de la communauté internationale. Il va subir pendant de nombreuses années des attaques contre son pays qui mettront à mal les bénéfices escomptés par cette compétition mondiale.

L’essentiel des travaux en cours ne serait pas touché puisque 80 % des travaux sont une mise à niveau des infrastructures.

Concernant les ressources humaines problème crucial pour le Qatar, à ce jour sur le 1,7 millions d’expatriés seulement 300 000 ont un statut correct. L’arrivée du million supplémentaire de travailleurs s’ajoutant au 1,4 million en statut précaire fait dire à certains experts que si on bouge les salaires et améliore les conditions de travail le coût sera exorbitant. Ce qui m’amène à penser que le Qatar fera simplement des mesurettes.

 

D’autres secteurs pourraient être touchés comme le tourisme qui demande des investissements énormes pour un retour improbable. Peut être aussi, l’émir serait attentif aux surenchères de certains membres de sa famille qui au delà des chiffres montrent une image d’une autre époque où le Qatar avait besoin coûte que coûte de paraître pour exister. Or se défaire de la coupe du monde 2022, commencer une reforme au fond du marché de l’entreprise et du travail peut être une opportunité à saisir et qui éviterait une erreur stratégique.