Mais qui peut avoir envie d’aller visiter le Qatar ?

Peut-on à coups de milliards créer une offre de tourisme sans doute oui. Mais l’investissement, plus de 40 milliards sera-t-il rentable cela reste à prouver ? Et puis le Qatar est-il prêt à accueillir 7 millions de visiteurs par an dans un si petit pays ?

 

Un retour sur investissement incertain

Le Qatar donne l’impression de vouloir être sur tous les fronts. Alors que l’offre touristique est assez développée dans le Golfe, il souhaite en investissant une quarantaine de milliards pouvoir accueillir progressivement dans une quinzaine d’années 7 millions de visiteurs. Ceci est très bien décrit dans un article de Laury-Anne CHOLEZ à qui « L’observatoire du Qatar » a donné la parole.

Le Qatar veut réussir la même opération qu’il a effectuée avec Qatar Airways, prendre une place sur un marché où il est inexistant. Dans le Golfe aucun des émirats actuels ne se fait d’illusion, si le Qatar vient sur le secteur du tourisme une guerre des prix aura lieu. Un de mes interlocuteurs me disait « regardez ce qu’ils font ces jours-ci à Qatar Airways, une promotion avec des tarifs exceptionnels sur l’ensemble de ses destinations et doublement des miles ». Le marché du tourisme dans le Golfe va croître mais pas au niveau des ambitions du Qatar. La conséquence est évidente le Qatar prendra des parts de marché aux autres émirats générant une baisse sensible des prix par une concurrence exacerbée. Une partie de ces 7 millions de visiteurs souhaitera visiter le Qatar de fond en combles, aller dans les moindres recoins de ce petit pays qui une fois enlevée la base américaine représentant un tiers de son territoire, est un véritable confetti. Mais qui sont les qataris intéressés par ce nouveau challenge ?

Le tourisme c’est comme le foot une affaire d’élites.

Il y a de fortes similitudes entre la coupe 2022 et le tourisme sauf que le tourisme ne dure pas quelques mois, c’est tout le temps. Ceux qui connaissent bien le Qatar pour y vivre ou y avoir vécu, lorsque je leur parle de tourisme, ils  « sourient ». Il faudra une sacrée évolution des mentalités pour accepter ce déferlement de touristes. La petitesse du pays va accentuer leur présence. Et puis, comment vont-ils faire pour empêcher toutes ces femmes de se promener les épaules nues avec la chaleur qu’il fait. Empêcher un mari, heureux d’être en vacances d’embrasser sa femme en public ?… Que penser du phénomène de l’alcool où le Qatar amorce un retour en arrière. De ces couples illégitimes qui vont coucher dans la même chambre… Je ne parle évidemment pas de la prostitution, de la drogue etc… qui accompagnent un important mouvement de population.

Et quels contacts auront ces touristes avec la population autochtone ? Tout le monde se doute bien que la population « des élites » soit 30 % de la population n’aura pas à supporter cette pression, ils iront se réfugier dans leurs bureaux londoniens ou autres. Mais ce sont les 70 % des qataris restants qui au quotidien vont avoir à affronter ces centaines de cars sillonnant les moindres petits bouts de déserts, de vieilles pierres…

Ces 70 % de qataris qui aspirent à une vie normale et sereine après avoir subi une coupe du monde de foot dont ils n’ont que faire, devront évoluer à marche forcée. Ce futur va broyer leurs idées, leur religion et leur bien être pour enrichir un peu plus les quelques dizaines de milliers d’élites qui continuent ainsi à se remplir les poches en leur laissant quelques miettes.

Il est impératif que le Qatar diversifie ses revenus mais les choix « excessifs » dans certains secteurs comme le football et le tourisme sont loin de créer la sérénité interne dont certains journaux nous abreuvent. Comme la politique étrangère l’a été et c’est encore le cas, tout ce qui est excessif concoure à donner une image du Qatar qui ne correspond pas à ses valeurs fondamentales. Elles sont plutôt le reflet d’un commando de trentenaires qui aimerait « bouffer la terre entière » sans tenir compte du temps et de l’espace réel et qui comme dans un passé récent pratique un propos ambigu.