Les Etats Unis saluent la levée du couvre feu en Egypte, décision émanant d’un tribunal égyptien et acceptée par le gouvernement provisoire donc par l’armée. Le plus gros du travail reste à faire, créer les bases pour qu’un état civil dirige cet énorme pays. Les interlocuteurs qui vont participer à cet accouchement sont l’Armée, la Confrérie, La Force Egypte Libre (termes de ma création), et les puissances externes USA, Arabie saoudite et ses satellites.
L’échec du pouvoir théocratique
Cet article est issu de la lecture de plusieurs réflexions publiées dans le journal Asharq al-Awsat par Mohamed Farid Al-Shayyal et par Majdi Hamdan, les propos à la sauce qatarinfos.net n’engagent que l’auteur de ces lignes.
L’impatience des frères musulmans leur a coûté le pouvoir. Le tribut payé est énorme et n’est pas acceptable. La tentative de pouvoir reposait sur une base juste et démocratique. Mais la dérive théocratique doit servir de leçon pour les jeunes égyptiens qui postulent à « une Confrérie sans violence ». Les Frères Musulmans doivent se reconstruire autour de l’idée d’une participation à un gouvernement et non dans l’unique but de prendre seuls le pouvoir. Un pouvoir théocratique n’est pas soluble dans la démocratie. La force de ces jeunes lumières égyptiennes, frères musulmans, sera utile à l’évolution nécessaire de la société égyptienne socle du monde arabe. Cette nouvelle génération de frères musulmans a devant elle au moins deux challenges qu’elle doit affronter, mettre les femmes au niveau des hommes, accepter l’idée d’autres croyances et d’autres forces politiques. Les frères musulmans peuvent être, une fois ces deux challenges entrepris, le ciment de fondations solides pour un état civil.
L’armée n’est pas destinée à gouverner
Suivant Majdi Hamdan « …Les raisons de garder l’armée loin de la politique sont nombreuses, y compris l’importance de son rôle militaire, ce qui nécessite un engagement total, car tout échec conduit au désastre… Leur comportement est régi par des hiérarchies rigides qui exigent une obéissance totale, ce qui contredit les règles les plus élémentaires de la démocratie… l’armée est le principal pilier de l’Etat qui soutient le gouvernement et assure son existence».
L’armée dans ce futur idéal pour les égyptiens est nécessaire mais elle doit garder sa place, cela entraine son désengagement y compris au niveau économique ce qui aura comme conséquence d’avoir des choix à faire pour les dirigeants de cette armée, y rester ou devenir acteurs économiques.
Un état civil est à construire
Un régime civil repose sur des institutions spécifiques qui réunies entre elles forment la structure principale de l’Etat avec ses trois pouvoirs indépendants, le pouvoir exécutif, législatif et judiciaire. La liberté d’association, la liberté politique et la liberté religieuse sont nécessaires pour que chaque composante de la société exprime ses intérêts particuliers que les politiques auront à cœur de rassembler en un intérêt général. Une Constitution certes mais aussi un état d’esprit au quotidien de défendre et construire la nation. Les nouvelles générations devront apprendre à vivre ensemble et à ne pas tomber dans le règlement de comptes des anciens qui ont faillit à donner une démocratie à ce pays et qui ont laissé s’installer la corruption à tous les niveaux. Le printemps arabe est loin d’être fini il ne fait même que commencer. La Force Egypte Libre doit être créée, conduite par ces jeunes générations qui regardent l’avenir sans avoir en permanence un œil dans le rétroviseur. L’Egypte a toujours eu besoin d’un « sauveur suprême » pour faire un grand pas en avant. Là aussi il faut contrarier l’histoire. La tâche est telle qu’il faudra des centaines de milliers de simples militants ouverts aux autres pour construire cet état civil auquel une majorité de citoyens aspire.
Les grandes puissances comme les USA, l’Europe, la Chine, la Russie, l’Arabie saoudite et ses satellites protègeront l’Egypte d’aventuriers extérieurs qui ne regardent que leurs intérêts économiques et qui ont poussé la Confrérie dans une impasse. Ils devront comme ils le font actuellement mettre la main à la poche pour pouvoir assurer le décollage de l’économie d’un pays, l’Egypte, qui demeure un des berceaux de l’humanité.