Qatar nier nier il en restera toujours quelque chose

Les autorités du Qatar enjolivent la situation des travailleurs. Au lieu de se concentrer sur ce qu’il reste à régler, fidèles à leur conception ils étalent les réussites comme on étale la confiture pour conjurer le sort. Mais que reste t-il à régler ?

 

Une crédibilité gravement déficiente

L’opération détricotage est en marche. Utilisant ses officines d’informations et il n’en manque pas, le Qatar a entrepris de « rééquilibrer » l’image de sa gestion des travailleurs expatriés. Des échos que nous avons, la récente campagne internationale, soit sur la mauvaise gestion des conditions de travail et de vie des travailleurs expatriés, soit sur les conditions d’attribution de la Coupe de foot 2022, a déstabilisé plus d’un Qatari.

Les autorités au plus haut du pays ont commencé en premier lieu par nier, ensuite reconnu ici ou là qu’il y avait quelques dysfonctionnements mais de là à vouloir régler les problèmes c’est une autre histoire. On préfère la méthode Coué, on utilise le vocabulaire excessif et puérile propre au Qatar et on rêve encore que tout cela « passera » comme d’habitude. Le dernier exemple en date est le cas du travailleur Népalais qui dit « on » a fait une « impressionnante » réussite.

Un népalais sur 400 000 a multiplié son salaire par 5 ou 6 en quelques années

 Voilà le rêve Qatari dans toute sa splendeur. « Sandesh Tamany » , un agent de sécurité chez Bouygues Bâtiment International qui gère la construction du projet de district QP financière à West Bay. Il est venu au Qatar en 2006 comme manœuvre avec un salaire très bas. Puis il a commencé à apprendre sur place et gagne aujourd’hui un salaire mensuel de QR7, 000 soit son salaire multiplié par 5 ou 6.

Cette une histoire sans doute qui est vraie, mais pour donner un peu plus de crédibilité on fait parler un de ces cadres « sup » qui travaillent au Qatar. C’est M. Gilles Rolland , directeur de Bouygues Bâtiment International qui se met à la tâche. Et il nous explique que « les informations parues dans une partie des médias internationaux récemment sur ​​les difficultés rencontrées par les travailleurs népalais au Qatar ont été très exagérée ». Il dépeint ensuite une « vie de rêve » pour les 4000 travailleurs qui composent son personnel. Restauration, logement, santé, moyens de transports tout est parfait dans cette entreprise de surcroît française puisque c’est là avec le Royaume uni qu’ils ont été les plus virulents contre le Qatar. Attention l’ami Rolland ne dit pas que les « morts » ne sont pas vrai, il dit « c’est exagéré ». Doha News parlait de 32 morts et The Guardian de 44 morts mais le second sur une période plus large. Bref tout le monde a compris que le Qatar veut se situer sur une bataille de communication sans traiter les vrais problèmes. Au lieu de se concentrer sur ce qu’il reste à régler, fidèles à leur conception ils étalent les réussites comme on étale la confiture pour conjurer le sort.

 

Que reste t-il à régler ?

Tant qu’il y aura le système du « sponsor » l’expatrié sera soumis aux aléas des êtres humains capables du meilleur comme du pire. Voici quelques exemples d’amélioration rapidement réalisables.

Un des éléments à faire évoluer et la possibilité de quitter un employeur pour aller chez un autre librement. Tel n’est pas le cas aujourd’hui.

Deuxième élément c’est la possibilité de quitter le pays si on ne veut plus y rester quelque soit la raison. Pour cela l’expatrié doit pouvoir garder tous les documents qui lui appartiennent comme le passeport et ne pas avoir besoin d’un « exit permit ».

Troisième élément la problématique de la traduction, l’expatrié doit pouvoir avoir un contrat dans sa langue d’origine. Et chaque fois qu’il rencontre la médecine du travail ce traducteur doit l’accompagner. Le Qatar doit embaucher des traducteurs et se faire aider par les ambassades.

Quatrième élément application de la loi Qatari qui prévoit 8 heures de travail par jour. En cas d’heures supplémentaires l’employeur doit avoir l’autorisation de l’Inspection du travail sur dossier simplifié. Pendant la saison des fortes chaleurs le dossier doit être plus complexe.

Cinquième élément le paiement du salaire se fait à la quinzaine par virement sur le compte du salarié. En cas de non paiement du salaire mise en place d’une procédure juridique simplifiée qui agit en référé. Le salarié la aussi doit être accompagné par un traducteur.

Sixième élément publication mensuelle du nombre d’accident par entreprise avec une centralisation nationale. Formation sur trois jours des membres du Comité d’Hygiène et de Sécurité. Je suis prêt à vous donner le programme. Création d’une brigade de prévention qui intervient dans les entreprises afin d’aider à la prévention. Renforcement du corps d’inspecteurs du travail pour des contrôles inopinés. Enquête policière à chaque décès ou blessure grave y compris hors des lieux du travail pour un salarié en activité. Mise en place d’une formation d’une journée minimum pour favoriser l’accueil et l’insertion des nouveaux travailleurs expatriés dans la langue du travailleur préalable à toute activité.

Septième élément mise en place de logements provisoires digne de ce nom par la création d’un fonds financé par les entreprises. Equipés de climatisation, eau, mise à l’égout etc… Le plus prés possible de l’entreprise lorsque c’est possible.

Huitième élément développement du transport d’entreprise pour éviter une circulation  qui provoque beaucoup d’accidents de trajet.

Neuvième élément revalorisation des bas salaires… et vingt autres propositions réalisables

Pour ne pas être hors jeu de la Coupe du monde de foot le Qatar ferait bien au lieu de freiner et se gaver de mots d’annoncer une série de mesures concrètes qui vont dans le sens d’une amélioration des conditions et de vie des travailleurs expatriés.