Egypte le chaos peut être ?

Hier l’Egypte était en feu. Un calme précaire est revenu. En une journée les places symboliques de  Rabaa al-Adawiya et Nahda, au Caire sont sous contrôle des forces de l’ordre. Les frères Musulmans accrochés à ces parcelles symboliques de l’ancien pouvoir du président Morsi ont essayé de retarder le moment de l’évacuation au prix de nombreuses vies. Peut-on imaginer un futur à ce pays ?

Tout le monde savait à l’avance ce qui se passerait

Tout le monde savait qu’une fois les forces de l’ordre en mouvement elles ne s’arrêteraient plus. Sans doute ce matin plus de 650 personnes, dont 50 forces de l’ordre, sont mortes dans ces assauts qui ne se sont pas seulement déroulés au Caire mais aussi dans plusieurs grandes villes de l’Egypte.  Pendant un mois et demi le gouvernement sous tutelle de l’armée a prévenu. Il vient de passer à l’action d’une manière condamnable mais tout le monde savait qu’ils ne laisseraient pas les frères musulmans s’organiser pour revenir au pouvoir.

Les frères musulmans ne pouvaient laisser » les places » de  Rabaa al-Adawiya et Nahda sans combattre. Ce matin le tweet de Gehad El-Haddad un des responsables des « FM » est très explicite « Nous serons toujours non violents et pacifiques. Nous restons forts, mobilisés et déterminés. Nous allons continuer jusqu’à ce que le coup d’Etat militaire soit mis en échec. »

Gehad El-Haddad ‏@gelhaddad 2 h

We will always b non-violent & peaceful. We remain strong, defiant & resolved. We will push fwd untill w. bring down this #Military_Coup

 

La grande masse des égyptiens satisfaits mais dans l’incapacité d’imaginer un futur

Mohamed El-Baradei, hier 14 août 2013 a démissionné en déclarant : « Il m’est devenu difficile de continuer à assumer la responsabilité de décisions avec lesquelles je ne suis pas d’accord ». Il représentait pour beaucoup le lien possible entre les forces au pouvoir actuellement et les autres forces dont les « FM ». Ce n’est pas le propos des « intellectuels égyptiens pour justifier l’intervention de l’armée qui apportera une solution ». Ni les politiciens internationaux qui semblent désemparés. La solution sera interne à l’Egypte ou ne sera pas !

Les frères sont ils capables d’admettre une société ouverte ?

Point important et qui n’a pas fini de revenir dans les discussions, les « FM » considèrent que les dirigeants actuels ont pris le pouvoir par « un coup d’état » en les dépossédant de la gestion du pays conquis démocratiquement. L’autre donnée du problème est le contrôle par les « frères » de tous leurs militants. Le passé nous a appris qu’une partie des forces de la « confrérie » peut échapper à tout contrôle et avoir sa propre stratégie, souvent d’assassinats ciblés. Depuis sa création cette frange là a toujours existé sans qu’on en sache tous les contours.

Une fois de plus la solution est dans les mains des frères musulmans, ont-ils réellement envie de revenir au pouvoir et donner une chance à l’Egypte ? Comme le disait Mamadou Diouf à une journaliste de Jeune Afrique « Nous devons aider à ce que nos pays soient ce que Souleymane Bachir Diagne appelle, à la suite du poète et philosophe pakistanais Iqbal, des sociétés ouvertes. Qui respectent le pluralisme et la différence.

Les frères sont ils capables d’admettre une société ouverte ? La réponse à cette question est lourde de conséquences. La vie m’a appris que dans les combats « certains » appliquent la formule suivante « au début on se bat pour une cause, après on se bat en souvenir des martyrs et cela dure longtemps. »

 

Photo : Qatarinfos.net