En moins de trois ans, une vingtaine de sites de ventes d’œuvres d’art ont vu le jour sur la Toile, principalement aux Etats-Unis. Or dans son discours de Washington fin 2010 et depuis, Scheikha Mayassa, pilote de l’art au Qatar, ne dit rien sur l’art et son futur virtuel.
L’accélérateur Amazon
L’art sous sa forme virtuelle a toujours été une de mes passions, pendant de nombreuses années j’ai expérimenté une galerie « virtuelle » dans le monde en 3 D Second life. Lorsque Roxana Azimi journaliste a produit un Le Monde dans le journal Le Monde, ces jours-ci, sur l’ouverture par Amazon d’une plateforme d’œuvres d’art en ligne, évidemment j’ai été attiré par le sujet.
Si la vente en ligne d’œuvres d’art connaît quelques difficultés, l’arrivée d’Amazon pourrait changer la donne et confirmer ma réflexion sur l’évolution du commerce physique des biens culturels et poser la question est-il obligatoire que l’art soit exposé uniquement dans des lieux physiques ?
Dans son article Roxana Azimi, fait parler Thierry Ehrmann PDG de Artprice qui est sur ce sujet depuis 2005. « Le géant du commerce électronique ne fait rien au hasard. « C’est la preuve qu’on est dans une dématérialisation et une normalisation du marché de l’art, confie celui-ci »
Dés 1996 une biennale pionnière abordait le sujet
Le journal Libération à fin 1996 évoquait le sujet.
La biennale Artifice 4 dite des «nouveaux médias dans l’art», « risque de surprendre, sinon déranger, ceux qui attendent de l’art qu’il soit exposé. » « Face à cet infini virtuel, les visiteurs se divisent nettement en deux catégories : ceux qui zappent d’un site ou d’un CD-Rom à l’autre, et ceux qui campent devant une seule œuvre qu’ils ne se lassent pas d’explorer. Les «zappeurs» apprécieront sans doute la maîtrise croissante de la technologie et de ses possibilités esthétiques. Et les «campeurs» sauront que le contenu n’est pas toujours au niveau. Pourtant, ce panorama en libre service permet de constater qu’un nouveau paysage artistique est en train de se dessiner. » « Ce que montre finalement Artifices 4 n’est pas les «nouveaux médias dans l’art contemporain» mais l’arrivée de l’art contemporain dans les nouveaux médias. «Qu’on utilise ou non ces nouveaux médias, reconnaît Jean-Luc Boissier, l’art d’aujourd’hui existe dans un monde technologique.»
L’évolution du commerce physique des biens culturels
Philippe Moati du CREDOC, fin 2011, procédait à une analyse du commerce physique des biens culturels.
Voici les deux points clés que je retiens :
1 – « La mutation que vit la distribution de contenus culturels est si profonde que les motifs d’inquiétude pour l’avenir des différentes formes de commerces physiques peuvent difficilement être tempérés par les perspectives de développement des marchés associés à cette vague d’innovation. »…
2 – « Cette perspective pose aux pouvoirs publics la délicate question de savoir s’il convient d’engager des politiques susceptibles d’entraver ce mouvement, au nom de l’enjeu culturel qui serait attaché au maintien d’un réseau physique dense et diversifié, et de définir des modalités d’intervention appropriées. »
Et le Qatar comment se positionne t-il ?
La Scheikha Mayassa souhaite faire du Qatar un Hub mondial de l’art. Or cette évolution « des lieux physiques » toujours nécessaires pour « donner à voir les œuvres », risque d’évoluer. Comment se positionne le Qatar sur ce nouveau segment, « le virtuel » ? Tout retard en la matière aura un impact sur sa stratégie globale. Dans son discours fondateur de Washington fin 2010 et depuis, Scheikha Mayassa, la pilote de l’art au Qatar ne dit rien sur l’art et son futur virtuel.