Un voyage à forte valeur ajoutée. Tamim rend visite au roi Abdallah, le geste est important, mais pas surprenant. A titre personnel, il a de bonnes relations avec le vieux roi de la plus grande puissance du golfe. Vont-ils pouvoir entre dirigeants travailler ensemble ? Mais les tensions avec les USA à propos du Hamas poussent à un certain rapprochement. Le temps nous le dira.
L’émir Hamad craignait autant l’Iran que l’Arabie saoudite
L’installation des bases américaines ont permis sans doute au Qatar d’éviter une invasion de la part de l’Arabie saoudite tant Hamad agaçait le roi Abdallah. L’émir du Qatar a pris le contrepied du roi de l’Arabie chaque fois qu’il en a eu l’occasion. C’était une histoire d’hommes, le genre qui ne s’oublie pas.
Le fils d’Hamad, Tamim, conseillé par sa mère Scheikha Moza a fait l’effort très tôt d’échapper à ces histoires de dirigeants et s’est rapproché du roi Abdallah. Le roi a pris en sympathie Tamim en tout cas il ne lui a pas fermé la porte. Et de temps en temps, le roi d’Arabie faisait passer des messages à Hamad par l’intermédiaire de Tamim. Aujourd’hui le petit est devenu l’émir du Qatar avec Hamad comme conseiller.
L’émir Tamim a besoin de temps
Dés le lendemain de sa nomination, l’émir Tamim a fait savoir au roi Abdallah qu’il reculait ses pions, En Syrie en premier lieu, car la situation devenait inextricable et le conflit pouvait durer longtemps ; en Egypte car les américains n’avaient plus confiance dans le programme des frères musulmans ; en Tunisie car la « frérisation » allait bien au-delà de ce qui était approuvé par les USA, l’exemple de l’agriculture totalement aux mains des frères a montré leur volonté d’intérêt particulier plus que général ; en Lybie car plus personne ne maîtrise rien…C’est un repli stratégique plus qu’une retraite désordonnée. L’Arabie et ses satellites ont d’ailleurs immédiatement « rempli l’espace vide ». Tamim a gardé sous influence les Palestiniens, et dans une moindre mesure l’espace Nord Afrique…En outre les relations Hamas et Qatar commencent à irriter les élus américains. (Voir article demain)
Tamim a besoin de redéfinir une autre stratégie sans abandonner toutes les idées de son père et pour cela il lui faut quelques mois.
Tamim doit démontrer au roi qu’il y a plus d’intérêts communs que de divergences
Les divergences religieuses peuvent être dépassées, en repliant l’essentiel de son influence dans les pays ci-dessus cités, il a montré sa bonne volonté politique. Reste l’épineux problème des frères musulmans qui viennent de « louper » le coche de l’histoire par impréparation du projet économique et gourmandise de pouvoir. Tamim va négocier avec l’Arabie et les USA une présence politique des frères mais sans diriger les pays. Et, un refuge pour quelques uns.
Au niveau économique de nombreuses synergies pourraient voir le jour sur la sécurisation de l’eau potable, le développement durable. En agriculture il pourrait y avoir des projets convergents …Au niveau financier le Qatar n’a pas besoin de l’Arabie saoudite. Sur des appels d’offres pour les infrastructures dans le golfe, des rapprochements sont possibles…En somme si ces deux hommes dépassent leurs egos et savent se parler, leurs pays pourraient en être les bénéficiaires.
C’est un voyage à forte valeur ajoutée pour Tamim, il y aura des suites, mais ses marges sont limitées, il doit réussir là où Hamad ne pouvait pas.