Le Qatar lâche les frères musulmans, évolution 1

Au premier juillet je publiais ce post, voici les premières observations.

Morsi en danger ? Georges Malbrunot s’interroge dans un article du journal Le Figaro, sur le devenir des relations entre le nouvel Emir et les frères musulmans.

 

Trois ans pour réussir leur pari

Les responsables des frères musulmans savaient dès la moitié de 2010 qu’une fenêtre s’ouvrait pour eux pour essayer de s’implanter durablement dans les pays du printemps arabe comme la Tunisie ou l’Egypte et plus largement se faire une place au soleil. Ils avaient le soutien d’un pays comme le Qatar aussi bien financièrement que médiatiquement et un ennemi identifié l’Arabie Saoudite. L’opportunité s’est présentée fin 2010, ils l’ont saisie.

Ils avaient analysé le contexte : manque de libertés, problèmes sociaux, corruption, chômage, une grande misère pour une partie importante de la population, une population jeune et diplômée… Au niveau politique, ils savaient que la « gauche ou extrême gauche » est quasi inexistante et  qu’ils étaient l’appareil le plus organisé du Moyen Orient et du Nord Afrique. Et que « ceux qui étaient en place auraient du mal à revenir ».

Ils avaient sous estimé « un clan de jeunes » qui utilisant le web vont jouer aux apprentis sorciers, participant à la déstabilisation sans avoir de programme économique ou une quelconque solution politique.

 

Ne pas confondre vitesse et précipitation

Le manque de charisme évident du président Morsi et ses tâtonnements est un des premiers éléments du problème.  L’échec flagrant au niveau économique est le constat d’un manque de préparation évident de la prise du pouvoir. Le programme économique des « frères » n’est pas à la hauteur de la situation. Constatant l’échec et devant les difficultés prévisibles, confondant vitesse et précipitation, le président Morsi choisit la méthode du verrouillage politique, juridique, religieux  et culturel. Et en quelques semaines on se retrouve dans la même situation qu’avant la chute de Moubarak.

L’armée qui est à l’affut n’est pas le recours, pendant 18 mois elle a été incapable d’initier le moindre programme économique. Ceux qui contestent Morsi et les frères musulmans sont une « opposition hétéroclite ». L’histoire montre que dans ces cas il ne reste plus que la solution d’un rassemblement national. Les menaces adressées par l’opposition à Morsi présagent difficilement d’une solution à « l’amiable ».

L’armée égyptienne comme nulle part au monde est trop impliquée au niveau économique ce qui est inadmissible et fausse le « jeu politique ». Morsi a cru qu’une fois élu il aurait le temps pour diriger le pays. Ceci est valable dans un état qui a une culture démocratique et où les partis ont démontré leur volonté de travailler dans l’intérêt général, même s’ il peut y avoir quelques bémols. Morsi aurait dû « cajoler le peuple » et ne pas vouloir lui imposer une autre « dictature ».

Une situation explosive qui incite à prendre de la distance

Le Qatar et l’Arabie Saoudite pourraient bien prendre un « peu » de distance en attendant que la situation s’éclaircisse. Afin de ne pas se retrouver au milieu d’une guerre civile en cas d’échec. Le nouvel Emir du Qatar, Tamim, a besoin de prendre ses marques et ne pas immédiatement se différencier des autres pays du golfe et notamment de l’Arabie Saoudite avec laquelle il veut entretenir des bonnes relations pour le futur. Tout porte à croire qu’il pourrait prendre « quelques distances » du moins officiellement avec les « frères », le départ éventuel de Qaradawi pourrait faire partie du signal.

Non seulement Qaradawi n’est pas parti mais le départ de l’Emir Hamad et celui de HBJ s’avèrent catastrophiques en ce qui concerne la politique étrangère. Il n’a pas fallu plus d’un mois pour que le nouvel émir recule sur tous les pays où son père avait une influence ; d’un repli stratégique nous sommes entrain d’assister à une déroute avec une perte d’un nombre incalculable de milliards de dollars. La reconnaissance même du bout des lèvres de la nouvelle équipe de l’Egypte à la différence de la Turquie a été le signal pour l’armée égyptienne qu’elle pouvait mettre en place sa stratégie et écraser les « frères musulmans ». A la question le Qatar lâche t-il les frères musulmans ? Le nouvel émir, ne devrait pas tarder à répondre par l’affirmative avec les contorsions qui s’imposent.

Affaire à suivre…