Pendant son enfance et son adolescence Hassan al-Banna est entouré par une famille qui lui impose une religion stricte. Très rapidement on lui découvre l’étoffe d’un « bon parleur et d’un meneur d’hommes ». Comment peut-il avoir une telle maturité puisqu’il n’a pas 22 ans lorsqu’il crée l’association des frères musulmans ? Quel est le contexte en Egypte dans les années 20 ?
Un environnement riche en stimulation
Grandir dans une famille où toute est dévotion participe à l’éducation du jeune Hassan. Son père horloger, assure aussi la fonction d’imam au sein du village, lui imposa une éducation religieuse stricte. Hassan est l’ainé de cinq garçons cette donnée organise et structure radicalement le désir d’enfant, d’un enfant mâle, d’un aîné mâle, premier d’une progéniture qui par son nombre et sa valeur renforcera le clan, la nation, la UMMA…
Cet environnement riche en stimulations développe les capacités d’Hassan qui en 1914 à l’âge de 8 ans (il est né le 14 octobre 1906) devient président d’une association crée par l’un de ses instituteurs. Plus tard il participe à « une association contre les violations de la Loi ». Il quitte son village en 1918 après avoir terminé sa première partie de ses études.
Une adolescence militante
En 1918, il arrive au chef lieu, Damâhur, son père lui a demandé de s’initier au métier d’horloger et au travail de reliure. Mais deux ans plus tard il choisit le métier d’instituteur au lieu d’aller à l’Université al-Azhar lieu où son père avait étudié.
Pendant trois ans Hassan va devenir le muezzin de la mosquée de l’école de Damâhur, retenu dans cette fonction pour sa voix et sa personnalité. Il s’insurge contre les professeurs qui n’adaptent pas leurs horaires à la prière. En 1923 il rentre à l’école normale du Caire et en sort en 1927 avec son diplôme d’instituteur. A 20 ans, sa première affectation est à Ismâïliya. Il avait auparavant refusé une bourse du Ministère de l’Education pour aller faire des études en Europe. La suite nous dira pourquoi ?
Le contexte de l’Egypte dans les années 20
Des forces s’organisent pour influer sur les britanniques entre 1918 et 1922, afin de parvenir à l’indépendance promise par Wilson. L’une d’entre elles est le Wafd, la plus importante, menée par le leader Saad Zaghloul. D’autres s’organisent : le wahhabisme naissant en Egypte, la bourgeoisie urbaine et des responsables locaux, et les coptes qui font alliance pour la circonstance. Au fond les britanniques ne souhaitent pas laisser la direction au égyptiens et ils déportent Saad Zaghloul. Cela met le feu aux poudres et des révoltes éclatent, les britanniques font plus d’un millier de morts mais sont contraints de faire un pas. Ils mettent en place une monarchie tout en gardant des domaines réservés. Le roi Fouad 1er est installé contre l’avis de la plus part des forces d’opposition.
En plus du Wafd une autre force se crée, un parti libéral – constitutionnel. Ce parti obtient une Constitution qui fait de l’Islam une religion d’état mais qui protège les autres obédiences. La mise en place d’un parlement aux deux chambres mais avec une prépondérance au roi Fouad 1er. Saad Zaghloul reconnait la Constitution de 1923 et l’érige en dogme.
Dans le monde musulman c’est la fin du califat (1924). Le roi Fouad 1er et ses partisans tentent de restaurer le califat mais le Wafd et le parti libéral s’y opposent. Deux hommes émergent dans ce monde musulman qui se réunit à La Mecque en 1925 pour parler d’un califat saoudien, il s’agit de Sa’ oud et de Rachid Rida qui va avoir une certaine influence sur l’Egypte et sur Hassan al-Banna.