Une étrange sensation flotte sur Doha, on pourrait imaginer que le temps s’est figé. Une mission accomplie pour l’Emir Hamad certes, mais l’essentiel reste à faire. Qui peut imaginer un seul instant que l’Emir Tamim puisse avoir la maîtrise du temps et des événements ?
Et que le règne de Tamim commence
De prince il est devenu Emir, sera-t-il à l’écoute de son peuple, entendra-t-il tous les hommes qui vivent sur son territoire, saura-t-il aller vers la modernité tout en gardant les valeurs du Qatar ? Aura-t-il son quart de siècle de gloire comme aurait pu le dire Andy Warhol ?
On le dit moins belliqueux que son père mais comment a-t-il fait pour avoir la Coupe du monde de football ? Il a tout appris de son père, mais en plus il a l’imagination et la créativité de la jeunesse et dans son discours d’adieu son père l’émir Hamad lui a dit « utilise-les ».
L’Emir Tamim est de la génération qui n’a pas vécu sous la tente bédouine.
Qui peut croire que le 24 juin 2013 au soir les ennemis externes du Qatar, ces mauvais génies sont retournés dans la lampe d’Aladin ? Qui peut croire à un quelconque ralentissement, même d’un instant, alors que les travaux de la Coupe du monde doivent impérativement prendre de la vitesse ? Qui peut pouvoir diriger le Qatar sans partager la manne qu’il faut aller chercher souvent avec les dents. ? Qui peut balayer la « guerre qui se prépare sur le gaz » ressource première du Qatar ? Qui est assez naïf pour croire qu’un qatari puisse abandonner ce qu’il possède pour aller vivre sous une tente fusse-t-elle bédouine. Le nouvel émir n’a pas le choix, il doit aller de l’avant pour son père et sa mère, pour son pays et pour qu’il ait son heure de gloire.
Le printemps arabe n’a pas eu lieu mais il arrivera
Parmi les slogans du printemps arabe, un m’a marqué particulièrement « Ceux qui luttent ne sont pas sûrs de gagner, mais ceux qui ne luttent pas ont déjà perdu » Bertolt Brecht. Il y aura dans quelques temps un million de plus de travailleurs étrangers au Qatar. Si le droit du travail et la gestion des ressources humaines restent en l’état, l’explosion viendra de là. Et que l’on m’explique comment quelques dizaines de milliers de policiers pourraient maîtriser tout cela. L’autre impact viendra à la suite par les Qatariens « eux-mêmes » parce qu’il y aura désordre et que leur intégrité sera menacée.
Ce qui se passe au Brésil en ce moment mérite d’être observé, la Coupe du monde est un prétexte à l’expression du mal être. Comment peut-on engager des milliards alors qu’au Qatar on n’arrive pas à régler le problème des femmes de ménages philippines qui demandent à être payées 400 dollars au lieu des 247 en moyenne.
Et que dire de la Syrie, certains laissent croire que l’émir Hamad aurait fait de mauvais choix dans ce pays et que le grand frère américains l’aurait tancé. De qui se moque-t-on. La réalité pourrait être tout autre, l’émir Hamad vient enfin d’admettre que l’analyse faite par certains observateurs « La poursuite des combats cause moins de dommages aux intérêts occidentaux que le fait de laisser les islamistes prendre le pouvoir ». Ce n’est la position des 11 ce samedi qui va démontrer le contraire. L’émir Tamim sur l’expérience de son père va demander aux donneurs de leçons d’aller au front.
L’émir Hamad a eu raison de bouleverser l’histoire par deux fois, et parce qu’il a l’amour de son pays, il fallait le faire. L’émir Tamim doit écrire son histoire qui sera faite de nombreux combats, mais l’histoire d’un pays n’a qu’un sens aller en avant dans le sens du progrès, de l’humanisme, de la paix, faute de quoi le pays disparaît.