Voici quelques mois que les dirigeants d’Al Jazeera avaient perçu une baisse de leur audience, ils ont voulus interroger pour savoir. C’est par une dépêche de l’AFP que nous apprenons que deux organismes indépendants Ipsos et Sygma « ont montré qu’au cours du premier trimestre 2013, le nombre de téléspectateurs d’Al Jazeera dans la région Moyen Orient-Afrique du Nord a dépassé de 34% le nombre de téléspectateurs de toutes les autres chaînes d’informations combinées. » C’est juste certes mais ce pourcentage est modéré par le nombre de téléspectateurs. J’ai eu l’occasion de retrouver sur le Web des statistiques de 2010 qui indiquent plus de 100 millions de spectateurs au lieu des 25 actuels.
La baisse en chiffres d’Al Jazeera est une ligne éditoriale conduit par des intérêts immédiats
Plusieurs éléments concourent à une baisse en nombre des spectateurs. La revue marocaine Lakome dans un article de février 2013 avançait les chiffres suivants sur trois pays :
Tunisie, le nombre de téléspectateurs d’Al Jazeera est passé de 950.000 en janvier 2012, à 200.000 en décembre 2012, plusieurs téléspectateurs préférant les chaînes locales comme «Al Watanya» et «Hanibaal.»
Lybie, la même chose s’est produite en Libye, avec l’émergence de la chaine « Libya Al Hurra » dont le nombre de téléspectateurs, environ 800.000, s’approche de celui d’Al Jazeera.
Au Maroc, le rapport indique que le nombre de téléspectateurs d’Al Jazeera s’élève en décembre 2012 à 1,8 million après avoir dépassé 2.5 millions en janvier de la même année.
« Le deuxième facteur, selon les mêmes sources, est la qualité de la couverture de la révolution syrienne par la chaîne qatarie, qui n’a pas réussi la séparation entre sa ligne éditoriale et l’agenda politique de l’Etat du Qatar, alors qu’elle se considère comme indépendante. » En termes de « marché » le constat est sans appel, perdre deux tiers de l’audience cela a du mal passer auprès des journalistes de la chaîne même si l’on reste premier globalement. C’est un travail de plusieurs années qui a été balayé par un choix stratégique dont les conséquences somme toute étaient prévisibles. La tendance à un minimum de pluralisme dans la région, perceptible depuis quelques années déjà, devrait se confirmer. Des acteurs privés vont nécessairement entrer en scène, et la question de leur positionnement vis-à-vis des pouvoirs politiques fait partie des enjeux majeurs de la période. Il ne sera pas aisé pour les acteurs privés à se situer au-dessus de la mêlée pour remplir leur mission d’information.
Al Jazeera dégage
La vidéo a été vue et revue, elle reproche une vision non partagée par les téléspectateurs manifestants et ils le disent. Le journal « Le Monde diplomatique dés mai 2012 écrivait ceci : « Pour beaucoup, Al-Jazira a rompu avec les exigences professionnelles qu’avait su imposer son directeur général, M. Waddah Khanfar, démissionnaire — ou démissionné — en septembre 2011. Un départ qui s’ajoute à bien d’autres, signe du malaise ressenti par nombre de journalistes. A Damas, mais aussi à Tunis, on a commencé à manifester contre une chaîne que sa popularité rendait il y a peu encore pratiquement intouchable, et c’est bien l’indice que l’étoile d’Al-Jazira a commencé à pâlir, alors que la confiance du public arabe est nécessaire à la diplomatie publique du Qatar. » Les dirigeants d’Al Jazeera ont sans doute lu la phrase de Raymond AUBRAC « La mémoire collective, comme celle de chacun de nous, est programmée pour occulter les souvenirs douloureux. »