Le bras de fer est engagé entre d’un côté le gouvernement, l’armée, les forces de l’ordre et de l’autre le mouvement Ansar Al-Charia. Les positions se sont durcies après que seize militaires et gendarmes ont été blessés par des mines posées par des groupes armés traqués à la frontière avec l’Algérie d’après le Journal le Monde.
Une épreuve de force lourde de conséquences
Lorsque Saïf Allah Ben Hussein, dit Abou Iyadh décide il y a quelques mois de tenir le congrès d’Ansar Al-Charia, il sait qu’il y aura une épreuve de force. Cet ancien vétéran de l’Afghanistan est rentré dans la clandestinité de nouveau, accusé par les autorités tunisiennes d’avoir organisé l’attaque de l’ambassade des Etats-Unis en septembre dernier. Il a choisi la date et le lieu de cette manifestation, alors lorsque le ministère de l’intérieur Tunisien a interdit ce rassemblement, il a démenti que le meeting était annulé et demandé à ses militants de venir malgré tout. Sur Twitter circulent des minis vidéo et des messages indiquant comment on peut contourner les barrages des forces de l’ordre. Les autorités tunisiennes constatent la dégradation et savent que le rapport de forces est engagé. Un premier événement important s’ajoutant à d’autres signes est l’assassinat du commissaire Mohamed Sboui. Les tentes de prédication, montées dans plusieurs villes de la Tunisie et appelant au djihad contre l’Etat tunisien font partie de la stratégie Abou Iyadh. L’appel aux partisans à ne plus aller au djihad en Syrie, par un de ses lieutenants, car leur pays aura plus besoin d’eux lors de la prochaine étape. Cette montée inexorable de la prise en main du « terrain » précède le meeting d’Ansar Al-Charia. Les autorités considèrent le congrès d’aujourd’hui comme un acte fondateur qui pourrait rendre cette organisation encore plus puissante et la conduire à peser en termes de pouvoir.
La décision de ne pas laisser le « terrain » libre est prise par les autorités.
Le reproche fait au gouvernement de laxisme pour avoir toléré les groupuscules salafistes djihadistes est bien loin. Un combat pour garder le pouvoir par Ennahda et mettre en place sa politique est engagé. Le voyage ce jour, prévu depuis un certain temps, au Qatar, sera mis à profit. La seule façon pour le gouvernement actuel d’être crédible est d’avoir les moyens de sa politique, d’être vigilant sur la corruption, de retrouver un niveau de tourisme acceptable, et du travail rapidement pour ses jeunes. L’aide du Qatar lui sera vitale. Si Ennahda ne montre pas un début de solution économique, il est condamné à utiliser une politique déjà connu dans ce pays. L’état d’urgence, qui donne des pouvoirs accrus à l’armée et aux forces de l’ordre, est en vigueur en Tunisie depuis janvier 2011 et la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali, il n’a pas été remis en question par le gouvernement actuel.