L’Emir Hamad a une mission, positionner le Qatar sur la carte du monde. La force nécessaire pour y parvenir il la puise dans un édifice dont les bases reposent sur trois piliers, la sécurité (militaire, financière, alimentaire), l’éducation et le sport.
La création de nouvelles ressources
La manne gazière c’est de l’exploitation de ressources naturelles. Ce qu’il entreprend avec le sport, c’est la création d’une nouvelle ressource, un relais de croissance. La réussite économique et le passage de témoin à son fils Tamim dans peu de temps, dépassant ainsi le choc générationnel qui s’impose, permettra un positionnement mondial à long terme.
Mourad El Bouanani, chercheur en géopolitique à l’université Paris IV Sorbonne, synthétise ce que j’essaie d’exprimer : « Plus qu’une dépense, le sport, objet culturel omniprésent, est un investissement rationnel qui donne du sens et de la valeur à l’ambition du pays. Sa signification géopolitique peut être déployée comme une arme ou un bouclier permettant de façonner des connotations signifiantes et positives pour y raconter « une histoire authentique du pays».
Pascal Boniface le dit autrement : Pour quelques 300 millions investis au PSG, tout le monde a découvert les Qataris. Désormais, pour tout un chacun, le Qatar existe sur la scène médiatique avec ce club et avec le football.
La coupe du monde de football 2022 c’est le tremplin pour demain.
Le livre de Christian Chesnot et Georges Malbrunot « Qatar, les secrets du coffre-fort » nous donne sans doute une partie de la clé du choix du sport comme un des piliers du Qatar ; que nous disent-ils ? L’événement déclencheur, ce sont les 15e Jeux asiatiques de 2006. Lors de la cérémonie d’ouverture, l’émir Hamad bin Khalifa al-Thani ne cache pas sa fierté : à la tribune d’honneur, il est entouré de l’Iranien Mahmoud Ahmadinejad et du Syrien Bachar el-Assad. Il se sent alors l’égal des grands de la région alors que son pays a longtemps été considéré comme quantité négligeable.
En outre, comme le souligne Pascal Boniface, entre 2008 et 2022, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et le Qatar sont au centre des compétitions sportives mondiales. La Coupe du monde va être organisée par le plus grand état du monde (la Russie) en 2018, puis par l’un des plus petits en 2022 ! N’est-ce pas là le plus bel exemple de la mondialisation du sport ?
Les Doha Goals, un forum sur le sport estampillé Richard Attias
Un journaliste l’interrogeait : D’où vient l’idée ? C’est le fruit d’une réflexion personnelle. Cela fait cinq ans que je souhaitais créer un laboratoire d’idées autour du sport, qui est un outil de développement socioéconomique. Au départ, je pensais l’organiser au Brésil, une grande nation sportive qui va accueillir la Coupe du monde de football et les Jeux olympiques. Il y a deux ans, une discussion avec l’émir du Qatar m’a convaincu que Doha était le bon endroit, car il y aura un vrai impact sur toute la région. Le journal l’Equipe qui parlait de cet événement le résumait ainsi « … des grandes séances de discussion vont alterner avec des réunions plus réduites auxquelles participeront des athlètes, des chefs d’Etat, des dirigeants sportifs, des médecins, des ONG…
Un positionnement à long terme qui produit de l’excellence et de la fierté nationale.
Je pourrais multiplier les exemples d’infrastructures, d’autres sports comme le cyclisme, la moto, l’équitation, la gymnastique etc… Tout l’appareil de l’état s’est mis en mouvement, l’émir a demandé à sa famille de s’engager. Le prince héritier coordonne, le prince Mishaal préside la Fédération arabe d’équitation, le prince Jassem préside l’académie sportive ASPIRE, le prince Mohammed a porté la candidature du Qatar à la Coupe du monde de football de 2022. Le plan Vision 2 030 véritable planification à 20 ans explique « L’excellence sportive produit à la fois de l’intérêt pour le sport et de la fierté nationale ».
Sources : articles et documents de Pascal Boniface, Mourad El Bouanani, Christian Chesnot et Georges Malbrunot, Richard Attias.